Hesai a réalisé la plus importante introduction en bourse (IPO) aux États-Unis en quinze mois pour une entreprise chinoise. Si l’on pourrait croire que cela signe le début d’une nouvelle cascade d’IPO chinoises outre-Atlantique, il est fort probable que ce ne soit pas le cas.

Les deux dernières années peu favorables aux IPO de firmes chinoises

En plus de la guerre commerciale qui oppose les deux pays, les entreprises chinoises doivent franchir d’importants obstacles politiques et réglementaires pour s’introduire aux États-Unis. Pékin a en effet complexifié le processus d’IPO pour les firmes chinoises à l’étranger.

En outre, une dispute entre les deux pays a menacé les quelque 170 entreprises chinoises inscrites sur les listes américaines d’exclusion. Une inspection approfondie des documents de travail des cabinets d’audit réalisée en décembre à Hong Kong a toutefois répondu aux préoccupations du régulateur américain, le Public Company Accounting Oversight Board, ouvrant ainsi la voie à la reprise des introductions en bourse après une période sèche.

Hesai, entreprise soutenue par Baidu et Xiaomi, a levé 190 millions de dollars lors de son IPO le 10 février dernier. Il s’agit de la plus importante introduction en bourse d’une entreprise chinoise aux États-Unis depuis Lianbo en octobre 2021. Hesai est spécialisée dans la technologie des LIDAR, un composant clé des véhicules électriques à conduite autonome.

Parmi ses clients figurent Li Auto, Lotus et Jidu, ainsi que l’entreprise formée par Baidu et Geely. Hesai représente 60 % du marché mondial des LIDAR pour la mobilité autonome.

Il ne faut pas s’emballer tout de suite

Comme le rapporte le South China Morning Post, cette IPO réussie prouve que les investisseurs souhaitent profiter du marché en pleine effervescence des véhicules électriques. En revanche, elle n’indique pas un retour solide des entreprises chinoises sur le marché américain. À titre de comparaison, la valeur moyenne des introductions en bourse de sociétés chinoises en 2020 était de 401 dollars, contre 347 millions de dollars en 2021.

« Si l’introduction en bourse de Hesai a certainement détendu l’atmosphère, il est encore trop tôt pour dire si les entreprises chinoises vont renouer avec les cotations aux États-Unis, compte tenu des facteurs macroéconomiques et géopolitiques en jeu », explique Wang Hang, associé du département des marchés de capitaux de Baker McKenzie à Pékin.

Hesai est la troisième société chinoise à s’introduire en bourse aux États-Unis cette année après QuantaSing Group qui a levé 40,63 millions de dollars et Lichen China, qui a levé 16 millions de dollars. Ces IPO ne sont pas particulièrement importantes, ce qui suggère que désormais, les grosses entreprises chinoises pourraient favoriser une introduction locale, alors que Pékin a occidentalisé ses règles d’introduction en bourse justement pour attirer ses propres groupes.

« Ce n’est que lorsqu’un géant plus emblématique ou plus important, comme une entreprise valorisée à plus de 500 millions de dollars, sera son entrée en bourse aux États-Unis que nous pourrons dire qu’il s’agit d’un “renouveau” ou d’une reprise complète », conclut Willer Chen, directeur associé de la firme de consultation Forsyth Barr Asia.