Après l’investissement d’Intel en 2021, l’Allemagne accueillera une nouvelle usine de fabricant de semi-conducteurs d’ici 2024. L’entreprise américaine Wolfspeed et l’équipementier automobile allemand ZF ont annoncé le 1er février s’associer afin de construire une manufacture. Le budget est estimé à 3 milliards d’euros et sera localisé dans l’ouest du pays. L’usine produira des puces en carbure de silicium destinées aux véhicules électriques.

Wolfspeed espère obtenir 25 % de subventions

Cette nouvelle usine sera située sur le site - en cours d’approbation par l’Union européenne - d’une usine de charbon désaffecté dans la région ouest-allemande de la Sarre. Un premier bâtiment sera dédié à la fabrication de puces en carbure de silicium. Un second sera un laboratoire commun aux deux entreprises. Il servira à faire progresser les dispositifs et systèmes au carbure de silicium dans la mobilité, les voitures électriques, et les applications industrielles et énergétiques. Le chantier de construction devrait débuter au second semestre 2023 et sa mise en service pourrait intervenir fin 2024.

Sur les 3 milliards d’euros estimés, Wolfspeed devrait investir plus de 2 milliards dans le projet. La société espère que 20 % à 25 % du coût total de l’investissement proviendront des subventions de l’Union européenne et de l’État allemand. De son côté, ZF devrait contribuer à hauteur de 10 % des coûts de construction. Le fabricant de pièces automobiles veut également créer un centre de recherche et de développement en Allemagne.

Holger Klein, directeur de ZF, a déclaré que la nouvelle usine, qui emploiera 600 personnes lorsqu’elle sera pleinement opérationnelle, « offrait une chance de stabiliser les chaînes d’approvisionnement et d’accélérer la transition écologique » pour l’industrie. Le site d’implantation pourrait donner un coup de fouet à la région de la Sarre. Depuis quelques années, elle est profondément touchée par l’exode des constructeurs automobile vers des usines spécialisées dans les véhicules à zéro émission. Le mois dernier, Ford a annoncé son intention de vouloir vendre son usine dans la région allemande.

En décembre dernier, Gregg Lowe, directeur général de Wolfspeed a expliqué que, « d’ici la fin de la décennie, les semi-conducteurs de puissance - plus précisément ceux en carbure de silicium - pourraient connaître un taux de croissance annuel composé de 14 % ». La société américaine fait face à une rude concurrence en Europe avec STMicroelectronics, Infineon Technologies ou encore Bosch.

Un investissement décisif pour l’Union européenne

Pour le Chancelier allemand Olaf Scholz, présent sur le site lors de l’annonce, « cette initiative prouve que les entreprises désireuses de réaliser des investissements durables ne devraient pas regarder plus loin que l’Europe ».

Cette déclaration vient en réponse à l’Inflation Reduction Act des États-Unis. Ce texte de loi signé par Joe Biden l’été dernier vise à favoriser l’investissement dans les énergies vertes et la relocalisation industrielle. Seules les entreprises localisées chez l’Oncle Sam pourront profiter des subventions, provoquant la crainte des dirigeants européens d’un exode massif. À la suite de la prise de parole du Chancelier, Anke Rehlinger, ministre présidente de la Sarre, a déclaré que l’Union européenne « peut remporter la compétition » et inverser la tendance.

Depuis deux ans, le nombre d’entreprises, spécialisées dans les puces, voulant s’installer dans l’Union européenne augmente. Intel a investi 17 milliards d’euros, en décembre 2021, pour une gigantesque nouvelle usine dans la ville allemande de Magdebourg. STMicroelectronics a annoncé en octobre 2022 ouvrir une unité de production en Italie. En décembre dernier, l’un des leaders mondiaux dans le secteur des semi-conducteurs est entré en négociation pour installer une de ses usines dans la ville de Dresde en Allemagne.

La stratégie de l’Union européenne souhaitant encourager une augmentation considérable de la production européenne de puces afin de réduire la vulnérabilité de ses chaînes d’approvisionnement et de limiter sa dépendance vis-à-vis de l’Asie et des États-Unis semble porter ses fruits.