Fin novembre le conseil municipal de la ville de San Francisco a largement voté en faveur d’une mesure qui a fait grand bruit : autoriser la police de la ville à utiliser des robots pour « neutraliser » un suspect dans des cas extrêmes. Les conseillers ont finalement fait machine arrière le 6 décembre, lors d’un second vote de validation.

La police de San Francisco ne dispose pas de robots pré-armés

« La semaine dernière, malgré des craintes éthiques, j’ai soutenu la législation, mais depuis une semaine, je ne me sens pas à l’aise avec ce sujet », le malaise exprimé par le conseiller municipal Gordon Mar, relayé par l’AFP, donne une idée de l’ampleur du scandale provoqué par la décision du conseil municipal de San Francisco le 29 novembre. Des dizaines de manifestants se sont réunies à plusieurs reprises devant l’Hôtel de Ville pour la critiquer et le second vote, mardi, a été perturbé par l’intrusion d’opposant.

L’origine du texte permettant l’usage létal de robots est à chercher au niveau de l’État de Californie, où se trouve San Francisco. Une loi adoptée cette année contraint les polices municipales à obtenir l’autorisation formelle d’utiliser du matériel de qualité militaire. C’est dans ce cadre qu’a été inséré le principe de « robots tueurs ».

La police de San Francisco dispose déjà de 17 robots, dont 12 fonctionnels, de tailles diverses, utilisés pour neutraliser des explosifs ou faire de la reconnaissance. Sur SkyNews, un porte-parole des forces de l’ordre avait assuré que le département ne possédait d’aucun robot pré-armés.

L’idée est d’utiliser un robot, équipé d’un explosif, pour neutraliser un suspect. La police de San Francisco, notamment son chef adjoint, David Lazar, a beaucoup insisté sur le fait qu’une telle utilisation était destinée aux cas extrêmes, « lorsque le risque de mort pour des membres du public ou des officiers est imminent et l’emporte sur toute autre option de force disponible ». La tuerie de masse de Las Vegas en 2017, où 60 personnes sont mortes, a été donnée comme exemple.

Le New York Times a rapporté qu’en 2016, le département de police de Dallas a utilisé un robot équipé d’un explosif pour tuer un tireur, accusé du meurtre de 5 policiers. Il s’agit de la première utilisation létale d’un robot par les forces de maintien de l’ordre américaines.

Vers un retour de la loi ?

Il n’empêche, selon Paul Scharre, vice-président et directeur des études du Center for a New American Security, il n’existe pas, à sa connaissance, d’autres villes américaines ayant pris une telle décision. Très critique de la militarisation de la police américaine, il s’est inquiété d’un effet boule de neige si San Francisco adoptait la mesure.

Si ce volet a été écarté par le vote du 6 décembre, le reste de la loi sur les équipements militaires de la police de la ville a été validé. Les « robots tueurs » n’ont pas, non plus, complètement disparu des débats. La mesure a seulement été renvoyée en commission et pourra être de nouveau soumise au vote, plus tard.

Si elle devait recueillir, cette fois, un avis favorable des conseillers municipaux, ce sera à London Breed, la maire démocrate de la ville, de ratifier ou non la proposition. Elle s’est déjà positionnée pour la mesure, mais pourrait avoir changé d’opinion, à l’image des conseillers municipaux.