En quête de diversification de son économie, encore très largement basée sur le pétrole, l’Arabie saoudite a décidé de s’intéresser à l’industrie du jeu vidéo. Savvy Gaming Group, propriété du Public Investment Fund du pays, va investir 37,8 milliards de dollars dans le secteur, selon une information de l’agence de presse du royaume, SPA, publiée le 29 septembre.

L’Arabie saoudite arrose l’industrie du jeu vidéo

Mohammed Ben Salmane, le très controversé héritier du royaume saoudien, serait friand de jeux vidéo. Président du Conseil d’administration de Savvy Gaming Group et à la manœuvre de tous les investissements majeurs du fonds public du pays, il a fait part de son ambition « visant à faire de l’Arabie saoudite la plaque tournante mondiale par excellence pour le secteur des jeux et de l’e-sport d’ici 2030 ».

Le prince héritier a les moyens de son ambition comme le montre ce dernier effort financier. 13,3 milliards de dollars seront destinés à l’acquisition d’un « éditeur de jeux de premier plan », 18,6 milliards de dollars viseront à des prises de participations chez des développeurs et éditeurs de jeux et le reste servira à acquérir des parts au sein d’entreprises prometteuses et des structures eSportive.

C’est justement par l’eSport que Savvy Gaming Group a dévoilé son existence au grand public. Début 2022 la société a mis la main sur ESL Gaming, le plus gros organisateur de tournois e-sport. Il a aussi pris possession de FACEIT, une plateforme de match en ligne. Le montant total de ces rachats est de 1,5 milliard de dollars.

Ces deux dernières années, Savvy Gaming Group a également acheté des parts des plus grands acteurs de l’industrie : 3,3 milliards de dollars ont été investis chez Activision Blizzard, Electronic Arts et Take-Two. Le royaume a également pris 5 % des parts de Nintendo en mai et en juin 2022 a placé un milliard de dollars sur le groupe de jeux vidéo suédois Embracer.

L’entreprise saoudienne souhaite également développer la présence du jeu vidéo sur son propre territoire. SPA rapporte qu’elle compte « établir 250 sociétés de jeux dans le Royaume, ce qui créera 39 000 emplois et portera la contribution du secteur au PIB à 50 milliards de Riyals d’ici 2030 [environ 13,31 milliards de dollars] ».

Et après le pétrole ?

Mohammed Ben Salmane assume vouloir exploiter le potentiel « du secteur de l’e-sport et des jeux pour diversifier notre économie, stimuler l’innovation dans le secteur et développer davantage les offres de divertissement et de compétition d’e-sport à travers le Royaume ».

Le prince héritier est le maître d’œuvre du plan Vision 2030, lancé en 2016. Il vise à trouver un nouveau modèle de développement économique pour l’Arabie saoudite, que ce soit en termes d’investissement ou pour renforcer l’attractivité du pays.

Le Public Investment Fund, créé à la même occasion, vise à financer le développement de secteurs considérés comme stratégiques. Récemment, et grâce à la manne pétrolière, l’Arabie saoudite a obtenu des parts dans Uber pour 1,5 milliard de dollars, dans Meta pour 474 millions, Amazon pour 432 millions, Alphabet pour 464 millions, Microsoft pour 473 millions. Starbucks, Walmart, PayPal, JP Morgan ont bénéficié de montants similaires. L’Arabie saoudite reste toutefois encore largement dépendante des revenus de l’or noir.