La Semiconductor Manufacturing International Corp (SMIC) a révélé des résultats flatteurs le 11 août. Le fabricant chinois de semi-conducteurs craint cependant un horizon plus orageux avec la baisse de la demande en smartphone, ordinateur dans un contexte économique incertain. Les tensions géopolitiques, non mentionnées par le groupe, sont également inquiétantes.
Une situation économique peu favorable se dessine dans un avenir proche
Avec 1,9 milliard de dollars de chiffres d’affaires, la SMIC a connu une croissance de 41,6 % sur son second trimestre, encore mieux que prévu. À l’inverse son bénéfice net a diminué de 25 % pour s’établir à 514,3 millions de dollars. En réalité, c’est mieux qu’escompté et essentiellement dû à des investissements pour étendre les capacités de production de la compagnie.
Inscrivez-vous à la newsletter
En vous inscrivant vous acceptez notre politique de protection des données personnelles.
SMIC s’est engagé dans la construction ou l’expansion d’usines à Shanghaï, son fief, Pékin et Shenzhen. Lors d’une conférence téléphonique, Zhao Haijun, co-PDG de l’entreprise, a annoncé que ces projets « progressent comme prévu ». Il a également confirmé que la société chinoise maintient les 5 milliards de dollars d’investissements programmés en 2022.
Zhao Haijun, qui a quitté son siège au conseil d’administration pour se concentrer sur la gestion de SMIC, s’est aussi montré plus sombre en songeant à l’avenir. Il note un affaiblissement de la demande mondiale en produits électroniques, principalement en smartphone. Il estime que l’offre et la demande vont se rééquilibrer dans le secteur après la pénurie. Certains types de semi-conducteurs devraient même se retrouver en surabondance. Reuters note que Micron ou Nvidia ont fait part d’une incertitude similaire.
SMIC s’isole du reste du monde sous la pression américaine
Un autre risque pour SMIC, non abordé par son co-PDG, la rivalité sino-américaine. Le jour des résultats, William Tudor Brown, ancien dirigeant du britannique Arm a regretté sur LinkedIn sont départ du conseil d’administration de SMIC. « Après 9 ans, j’ai démissionné du conseil d’administration de la SMIC. Le fossé international s’est encore élargi », écrit-il dans un message effacé depuis, mais récupéré par le South China Morning Post.
William Tudor Brown était le dernier étranger à siéger au Conseil de SMIC. Désormais quasi tous ses membres ont des liens avec des entreprises reliées à Pékin ou directement avec le gouvernement.
De l’autre côté du spectre, les États-Unis auraient abordé les fournisseurs d’équipements de fabrications Lam Research et KLA Corp pour préparer un élargissement de l’interdiction d’exportation. Les États-Unis voudraient interdire l’export d’outils permettant de fabriquer des puces de 14nm ou moins, les restrictions actuelles sont à 10nm. Le principal fournisseur du secteur, le néerlandais ASML a été approché pour les mêmes raisons.
Les Américains s’inquièteraient que SMIC soit capable de fabriquer des puces de 7nm, malgré l’interdiction d’accès aux systèmes de fabrications de pointe. Selon le Financial Times, le développement de tel semi-conducteur ferait débat au sein de l’entreprise chinoise.
Zhao Haijun serait défavorable au développement de ces technologies, si importante pour Pékin, mais si mauvaise pour sa rentabilité face à ses concurrents. Son co-PDG Liang Mong-song, ancien de TSMC, serait plutôt favorable à la position inverse.