Ce mardi 3 mai, l’entreprise Rocket Lab a placé 34 satellites en orbite grâce à son lanceur Electron. Mais l’exploit de la soirée, ce n’est pas ce lancement mais plutôt l’après : alors qu’elle revenait sur Terre, la fusée a été récupérée en plein vol par un hélicoptère. Explications.

Rocket Lab veut rendre ses fusées réutilisables

Rocket Lab est une entreprise spécialisée dans les fusées de petite charge. L’un de ses objectifs principaux est de rendre ses lanceurs réutilisables, de la même manière que le Falcon 9 de SpaceX. En plus de faire baisser les coûts des lancements, la réutilisabilité des fusées permet également d’en effectuer beaucoup plus.

« En en ramenant une, cela permet juste de gagner énormément de temps où vous n’avez pas à construire une toute nouvelle fusée à partir de zéro. Donc, nous allons évidemment faire de bonnes économies, mais je pense que la chose la plus importante pour nous en ce moment est simplement de remettre les véhicules dans la chaîne de production », explique Peter Beck, PDG de Rocket Lab, à The Verge.

Si SpaceX réutilise son Falcon 9 grâce à une barge dans l’Atlantique, sur laquelle le lanceur vient se poser avant d’être ramener vers les côtes, la technique mise en place par Rocket Lab est bien différente et inclut l’intervention d’un hélicoptère Sikorsky S-92, notamment utilisé dans le domaine militaire.

L’épreuve de la rentrée atmosphérique

L’entreprise travaille sur ce projet depuis 2019. Celui-ci consiste à attraper Electron avec un hélicoptère lors de sa descente, après sa rentrée atmosphérique lorsque son parachute s’est déployé pour freiner sa chute, pour ensuite l’amener vers la terre ferme. Rocket Lab a déjà montré sa capacité à capturer une fausse fusée en plein vol grâce à un hélicoptère, mais lors de ce test, l’appareil ne revenait pas de l’espace.

« Je pense que beaucoup de gens pensent que le plus difficile est d’attraper la fusée, et c’est certainement le cas. Mais en réalité, du point de vue de l’ingénierie, le plus difficile a été de s’assurer que la fusée survive à la rentrée dans l’atmosphère », explique Peter Beck. Pour rappel, lors de sa rentrée atmosphérique, la fusée atteint des vitesses de plus de 3 000 kilomètres par heure et doit rester en un seul morceau alors que du plasma brûlant s’accumule autour d’elle.

Le lancement de cette nuit, baptisé There and Back Again en référence à la nature du vol et en hommage à la Nouvelle-Zélande où le Hobbit et le Seigneur des Anneaux ont été filmés, était donc d’une importance capitale pour l’entreprise, et il a quasiment réussi.

Un petit bémol pour Rocket Lab

Les satellites ont en effet été acheminés jusqu’en orbite basse sans aucun accroc, et l’hélicoptère est parvenu à récupérer Electron… avant de le relâcher dans l’océan. « Ils l’ont relâchée après l’accrochage car ils n’étaient pas satisfaits de la façon dont elle volait, mais ce n’est pas grave, la fusée s’est écrasée en toute sécurité et le vaisseau est en train de la charger », explique le PDG de Rocket Lab. Les données observées par le pilote étaient en effet différentes de celles obtenues lors de précédents tests. Le lanceur a rapidement été récupéré et sera analysé en détail par les équipes de la firme qui pourront, grâce à ce test, faire des ajustements pour perfectionner leur système.

« Ramener une fusée de l’espace et l’attraper avec un hélicoptère est une sorte de ballet supersonique. Un très grand nombre de facteurs doivent s’aligner et de nombreux systèmes doivent fonctionner parfaitement ensemble. Je suis donc incroyablement fier des efforts remarquables de notre équipe de récupération et de tous nos ingénieurs qui ont fait de cette mission et de notre première capture un succès. À partir de maintenant, nous allons évaluer la scène et déterminer les changements que nous pourrions apporter au système et aux procédures pour la prochaine capture de l’hélicoptère et son éventuel nouveau vol », a déclaré Peter Beck.

Rocket Lab a un nouveau lancement prévu ce mois, mais l’on ignore s’il inclura la récupération du premier étage de la fusée par un hélicoptère. Pour rappel, l’entreprise a été choisie par la NASA pour lancer un CubeSat en orbite lunaire dans le cadre du programme Artemis.