Elon Musk a pris des pauses sur Twitter, a envisagé de supprimer son compte et pourtant il y revient toujours, au grand dam de la Securities and Exchange Commission (SEC). Le gendarme des marchés boursiers américains a assigné Tesla le 16 novembre pour un nouveau tweet de son fondateur, selon un rapport de l’entreprise à la SEC du 7 février, relayé par Reuters.

Les tweets d’Elon Musk accusés de fraude boursière

Dix jours avant l’assignation, Elon Musk avait demandé à ses followers s’il devait vendre 10% de ses parts à Tesla. Le fondateur de l’entreprise l’a présenté comme une initiative pour payer ses impôts : plus tôt dans l’année un rapport a montré comment les milliardaires de la Tech esquivent les taxes en vivant à crédit grâce à la valeur de leurs actifs.

Le oui l’a emporté et Musk s’est exécuté. D’après CNBC, cette vente était préparée en réalité depuis septembre, mais ce n’est pas ce qui a agacé la SEC. Pas plus la chute du cours de Tesla qui s’en est suivi. Selon le rapport de l’entreprise, l’assignation vise à rechercher des informations sur le « processus de gouvernance de l’entreprise autour de la conformité avec le règlement de la SEC, tel que modifié ».

Pour comprendre le sens de cette formule, il convient de remonter le passif du trio conflictuel, Elon Musk, Twitter, SEC. En 2018 l’excentrique PDG a annoncé, comme ça, sur son réseau social favori une possible revente de l’entreprise. La SEC y a vu une fraude boursière et l’a poursuivie en justice.

L’année suivante un accord a été trouvé entre Tesla et la SEC : Elon Musk a abandonné son fauteuil de président du conseil d’administration au bénéfice de Robyn Denholm, Tesla et son désormais « simple » directeur général ont payé 40 millions de dollars d’amendes et, enfin, Elon Musk a été doté d’un tweet-sitter.

Concrètement, avant de poster une information sur son entreprise, son fondateur doit soumettre le message à un avocat de Tesla pour validation. Évidemment, pour ce twittos compulsif, les conflits n’ont pas manqué d’arriver.

Le SEC tient à son tweet-sitter

En 2019, l’année de l’accord, la SEC a poursuivi Elon Musk pour outrage au tribunal. Il n’aurait pas respecté l’accord en publiant les chiffres de production de la Model 3, en désaccord avec ceux de son entreprise, et avoir indiqué qu’il estimait le prix de l’action Tesla trop élevé. Un juge a demandé aux partis de s’entendre. La SEC a dû préciser ce que le DG pouvait tweeter ou non. La même année une autre réprimande concerne la production des panneaux solaires de Tesla.

Elon Musk s’est, semble-t-il, assagie, du moins il a respecté l’accord un temps. Ce qui ne l’a pas empêché de balancer quelques pics à l’autorité boursière, « SEC, acronyme de trois lettres, le mot central est celui d’Elon ».

Les casseroles de Tesla

En novembre 2021 tout recommence. En prime, le mois suivant la SEC ouvre une enquête sur des allégations de déficit d’informations aux actionnaires et clients des panneaux solaires de Tesla, sur des risques d’incendie.

Aux États-Unis, Elon Musk et Tesla n’ont pas uniquement des soucis avec l’autorité boursière. La National Highway Traffic Safety Administration, la sécurité routière américaine a ordonné la désactivation d’une fonctionnalité de la conduite autonome. En mars 2021, le National Labor Relations Board a ordonné la suppression d’un tweet de Musk, menaçant ses salariés de retirer leurs stock-options s’ils votaient pour le syndicat United Auto Workers.

En octobre 2021 un jury fédéral a condamné l’entreprise à verser 137 millions de dollars à un contractuel afro-américain pour discrimination raciale. En Californie une plainte sur le même registre se prépare, avec des soupçons de harcèlement au travail en plus.

Toujours sur Twitter, Elon Musk s’en est pris directement à Joe Biden. Il reproche au président américain de ne citer que Ford et General Motors, comme acteur de l’automobile électrique. Le président a fini par le faire, le 8 février. Sur ce dernier point, l’attaque d’Elon Musk a toute sa légitimité, sur le reste la justice tranchera.