Nadine Dorries, secrétaire d’État au numérique britannique, a demandé formellement à l’Autorité de la concurrence et des marchés (CMA) de lancer une enquête de « phase 2 » sur le projet d’acquisition d’Arm par Nvidia le 16 novembre. Elle a déclaré que « la CMA va maintenant me faire un rapport sur les motifs de concurrence et de sécurité nationale et me conseiller sur les prochaines étapes ».
L’acquisition d’Arm par Nvidia inquiète le monde
Cette décision est logique puisqu’elle arrive à l’occasion de la remise du rapport de la CMA de phase 1, sur les questions de concurrences posées par l’opération. Un rapport qui soulève une « diminution substantielle de la concurrence sur quatre marchés clés », en l’occurrence l’Internet des objets, le secteur automobile, le centre de données, les applications de jeux.
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Le rachat d’Arm, propriété de SoftBank, par Nvidia pour une somme évaluée à 40 milliards de dollars a suscité une levée de boucliers dans le monde entier. La Chine et la Commission européenne ont lancé des investigations sur les opérations.
Arm est l’un des concepteurs de licences de logiciel parmi les plus importants du monde. Des dizaines de milliards de puces sont basées sur sa propriété intellectuelle. Nvidia est soupçonné de vouloir bloquer l’accès de certaines licences à ses concurrents ou de recentrer l’activité d’Arm sur le format de puces qui l’intéresse le plus. Deux éléments que l’entreprise américaine a toujours très fermement niés.
En creux, la souveraineté britannique sur le secteur des semi-conducteurs
De son côté, le Royaume-Uni a commencé à se poser les mêmes questions que les autres pays dès avril 2021, avec la fameuse phase 1 de l’enquête de la CMA. Peu après le gouvernement britannique a engagé de son côté des recherches sur les éventuels impacts du rachat d’Arm par Nvidia pour sa sécurité nationale. Le pays se sent particulièrement concerné par l’opération, Arm est basée sur son territoire, à Cambridge.
Dans un courrier transmis aux deux acteurs du dossier, Nadine Dorries a expliqué les craintes de son gouvernement, à savoir une « réduction potentielle de l’autonomie du Royaume-Uni en matière de développement, d’exploitation ou de soutien des systèmes de défense et de sécurité qui utilisent la propriété intellectuelle d’Arm ».
Le secteur des semi-conducteurs a pris depuis plusieurs mois une place prépondérante dans les débats d’un grand nombre de pays du fait de la pénurie mondiale. Le Royaume-Uni estime nécessaire une enquête approfondie pour assurer sa « sécurité et la résilience de la chaîne d’approvisionnement au sens large ».
Le CMA en a encore du pain sur la planche
Nvidia, désormais rompu à l’exercice de la communication post-annonce d’enquête, a expliqué dans un message relayé par la BBC, « Nous continuerons à travailler avec le gouvernement britannique pour résoudre ses préoccupations ».
L’entreprise américaine estime, ou espère que « Le processus de phase deux nous permettra de démontrer que la transaction contribuera à accélérer la CMA et à stimuler la concurrence et l’innovation, notamment au Royaume-Uni ».
La CMA a 24 semaines pour son étude, avec une possibilité de prolongation de 8 semaines. Nadine Dorries a détaillé les deux issues possibles à la procédure. Sur la base du rapport, elle aura la possibilité de rendre une conclusion défavorable à l’acquisition, de demander des mesures à Nvidia pour remédier aux effets négatifs redoutés ou de ne pas se prononcer et de laisser le soin à la CMA de s’occuper des problématiques de concurrence. Le marathon Nvidia-Arm est loin d’être terminé, son coureur principal pourrait bien mourir d’épuisement avant d’atteindre son objectif.