L’entreprise spécialisée dans la fabrication de microprocesseurs Nvidia a soumis ces dernières semaines une nouvelle demande aux autorités de la concurrence chinoises concernant le rachat d’Arm, filiale du conglomérat japonais SoftBank. Cette acquisition se chiffre à 40 milliards de dollars et a encore quelques obstacles devant sa route avant d’aboutir. Selon des personnes proches de l’affaire rapportées par le Financial Times, l’étude de la demande de Nvidia nécessiterait aux autorités antitrust chinoises plus de deux ans, « une année et 18 mois » précisément.

Lors de l’annonce du rachat d’Arm par Nvidia en septembre 2020, l’entreprise fixait un délai de 18 mois pour l’acquisition. Pour cette échéance, les carottes sont donc cuites. Il y a un mois, Jensen Huang, le PDG de Nvidia se disait pourtant confiant dans le respect des délais fixés par son entreprise. Il affirmait au Financial Times que Nvidia avait « commencé le processus ». Le PDG évoque une affaire similaire lors de l’achat de l’entreprise israélienne Mellanox en 2019 pour lequel les législateurs chinois avaient incarné la dernière étape de l'acquisition avec un délai de 13 mois. L’entreprise américaine rappelle toutefois que le « processus réglementaire est confidentiel et que nous ne sommes pas en mesure de commenter sa progression ».

Des entreprises chinoises de semi-conducteurs opposées au rachat

La co-entreprise Arm China bloque le rachat de Nvidia à cause d’un conflit autour du licenciement de son PDG Allen Wu, jugé abusif par l’homme en question. En novembre 2020, les bureaux d’Arm China étaient d’ailleurs surveillés par son équipe de sécurité. À cette période, une source proche du sujet évaluait les chances d’aboutissement d’un accord à « seulement 50-50 ». Aujourd’hui, Allen Wu est toujours en poste, les négociations autour de son licenciement restent en cours, et il continue de bloquer le rachat d’Arm par Nvidia. En effet, l’approbation des autorités chinoises nécessite l’accès à certaines données, actuellement minutieusement gardées par la co-entreprise chinoise.

En tant que producteur d’objets électroniques maîtrisant encore trop peu les technologies liées aux microprocesseurs, la Chine incarne un marché d’envergure pour le secteur des semi-conducteurs. En 2019, les ventes d’Arm en Chine se sont élevées à 500 millions de dollars. C’est d’ailleurs ce qui justifie en partie l’étude du rachat d’Arm par les autorités chinoises. Une légitimité appuyée par la joint-venture Arm China.

Si la vente aboutit, les trois plus grands concepteurs mondiaux de puces seront basés aux États-Unis. Cette situation ne semble pas étrangère à ce qui semble être des manœuvres dilatoires de la part de la Chine. Plusieurs sources proches du sujet ont d’ailleurs déclaré que les fabricants de microprocesseurs chinois comme HiSilicon, la Semiconductor Manufacturing International Corporation (SMIC), ou encore l’entreprise rattachée au gouvernement chinois E-Town Capital, s’opposent à un accord. En cause, des craintes concernant un accroissement du contrôle de la production par Nvidia, ce qui nuirait à l’industrie chinoise. Des affirmations contredites par le PDG de Nvidia. Jensen Huang soutient que le rachat d’Arm « ne ferait qu'apporter plus d'innovation au marché ».