Avec la fermeture des salles obscures au cours de la pandémie, de nombreux studios se sont tournés vers le streaming pour sortir leurs productions. Certains d’entre eux les lancent même simultanément en salle et en ligne sur des plateformes comme HBO Max ou Disney+. Cette pratique favorise grandement le piratage des films. Une situation qui inquiète autant les professionnels du secteur que Hollywood.

Des films piratés dès leur mise en ligne

Il semble de plus en plus facile d’accéder aux dernières productions peu de temps après leurs sorties. Sur le site Pirate Bay, douze des vingt longs métrages les plus piratés ce mois-ci sont sortis en streaming et au cinéma au même moment.

Parmi eux, Suicide Squad ou encore la réunion des acteurs de Friends. Cruella et Jungle Cruise, parus à la fois en salle et sur Disney+, figurent également dans le classement.

affiche promotionnelle black widow

Scarlett Johansson s’est fermement opposée à la sortie de Black Widow sur Disney+. Image : marvelousRoland / Flickr

Black Widow, sorti le 9 juillet, est l’exemple le plus révélateur. Durant trois semaines consécutives, il fut le film le plus piraté au monde selon TorrentFreak, avec de lourdes conséquences. Bien que les avant-premières aient été un véritable succès, les résultats du box-office se sont avérés en dessous des attentes le premier week-end dans les salles. Lors du second, c’est une baisse de 67% qui a été observée. En cause, la mise en ligne du long-métrage sur Disney+, menant à un nombre de téléchargements illégaux qui a explosé, au détriment des fréquentations.

Des pertes qui pourraient s’accumuler pour le monde du cinéma

Si le piratage a toujours été perçu comme une perte importante, elle pourrait être plus conséquente dans les années à venir. Auparavant, les copies illégales étaient bien souvent de mauvaise qualité, car elles étaient filmées par des spectateurs directement dans une salle de cinéma avec une caméra ou un téléphone. Étant dorénavant diffusés directement sur des plateformes, elles sont en meilleure qualité, à portée de clic des plus rusés.

Selon l’Alliance for Creativity and Entertainment, un groupe de défense des ayants droit du secteur, les sites hébergeant du contenu cinématographique illégalement ont enregistré plus de 137 milliards de visites en 2020. Certains films qui ont bien fonctionné en salle n’ont pas échappé aux piratages pour autant. The Conjuring: The Devil Made Me Do It a rapporté 201,4 millions de dollars à Warner Bros grâce aux entrées. Or, au mois de juin, il a été téléchargé illégalement 9,2 millions de fois. Cela fait de lui le long-métrage le plus piraté au monde à cette période.

Ainsi, si le chiffre d’affaires des plateformes de streaming augmente, elles creusent aussi les pertes du cinéma. « Combien a-t-on perdu à cause du piratage lors de sorties simultanées ? », se questionne la National Association of Theatre Owners, qui réunit des propriétaires de salles, des grandes chaînes et des indépendants.

Inquiet pour l’avenir du septième art, les studios tentent d’adopter de nouvelles stratégies. Pour pallier ce problème, AMC Entertainment Holdings a conclu un accord avec Warner Bros pour 2022. Celui garantit à l’entreprise 45 jours d’exclusivité cinématographique. De son côté, Disney a indiqué qu’il décidera de la mise à disposition de films seulement au cas par cas.