« La proposition de rachat d’Atos sera soutenue par les administrateurs salariés et salariés actionnaires lors du prochain conseil d’administration d’Orange le 2 décembre prochain », a mentionné à l’AFP le président du CFE-CGC Orange, la première organisation syndicale du groupe, Sébastien Crozier. Le soir même, le 25 novembre 2020, Orange contredit dans un communiqué cette information : « Orange nie travailler sur un projet de rachat d’ATOS, et par conséquent précise que le sujet ne sera pas discuté lors de la prochaine réunion du conseil d’administration ».

Si le flou plane entre la déclaration du syndicat et celle du groupe, une chose reste certaine : le leader français des télécoms a de quoi investir. Le 13 novembre 2020, Orange a eu gain de cause sur un contentieux fiscal qui durait depuis 2005. À cette date, l’entreprise s’appelait encore France Télécom, et dans le cadre d’une réorganisation interne elle a dissout sa holding de participation Cogecom. Et c’est le traitement de cette opération qui a ouvert le contentieux avec l’administration fiscale française. Plus d’une dizaine d’années plus tard, après une décision du Conseil d’État et deux décisions en cour d’appel, Orange montre patte blanche. À l’issue de ces procédures, l’opérateur de télécommunications a obtenu 2,2 milliards d’euros. Le Monde détaille que ce montant correspond à un trop-perçu d’impôts par l’État, gonflé par les intérêts engendrés par la somme.

Le CFE-CGC a profité de cette victoire pour adresser une lettre aux administrateurs d’Orange. Le syndicat considère la décision de justice comme une opportunité pour d’éventuelles acquisitions. D’après le contenu du courrier rapporté par Le Figaro, le syndicat estime qu’en s’appuyant sur le rachat d’Atos, le groupe Orange constituerait un « leader de la cybersécurité en Europe ». Dans ce domaine, le groupe télécoms dispose déjà d’une expertise solide, mais pas infaillible. En témoigne la cyberattaque de juillet 2020 sur sa branche Orange Business Services.

En juin 2020, le Gartner classait Atos en troisième position mondiale des services de sécurité en termes de revenus. L’entreprise du service numérique (ESN) enregistrait un chiffre d’affaires de 11,6 milliards d’euros sur l’année 2019. Sur la même période, la division entreprise d’Orange comptabilisait un chiffre d’affaires de 7,8 milliards d’euros. Au-delà d’apporter une vitalité financière et d’affirmer une position de leader en cybersécurité, Atos pourrait permettre à Orange d’incarner le futur fleuron européen du cloud, domaine dans lequel le groupe télécoms possède déjà une expertise.

Si le rachat d’Atos par le groupe télécoms relève de la rumeur, il est intéressant de noter que la succession du poste de PDG d’Orange, aujourd’hui occupé par Stéphane Richard, qui aura lieu en mai 2022, pourrait changer la donne. Des ouï-dire évoquent déjà un candidat potentiel, le directeur général d’Atos, qui est également l’ancien chef de la stratégie et du développement international d’Orange, Élie Girard.