Il aura fallu du temps, mais Blizzard a finalement réagi à la colère des internautes suite bannissement du joueur d’Hearthstone Blitzchung pour ses propos pro Hong Kong. La sanction du joueur et des deux commentateurs est maintenue, mais réduite.

Une interview qui tourne court

Petit retour en arrière… Le 6 octobre, Chung Ng Wai, joueur professionnel Hongkongais de Hearthstone remporte une victoire en marge du tournoi Hearthstone Grandmasters Asia-Pacific Ruling. À l’occasion de l’interview d’après match, sur la chaîne officielle Blizzard Taïwan (pays hôte du tournoi) il apparaît à l’écran grimé en manifestant, avec masque à gaz et lunette.

Les deux commentateurs se cachent, semblent s’en amuser et Blitzchung de lâcher « Libérez Hong kong ! Révolution de notre temps ! ». L’interview tourne court, une publicité apparaît. Deux jours plus tard, Blizzard annonce que le joueur est banni pour un an, privé de ses gains, environ 10 000 euros et les deux interviewers sont remerciés.

D’après le communiqué du 8 octobre, la règle 6 du règlement a été enfreinte. « Agir d’une manière qui, selon les critères de Blizzard, porte atteinte à votre réputation, offense tout ou partie du public ou nuit de toute autre manière à l’image de Blizzard sera suivi d’un retrait de la compétition ». C’est sur cette base que le joueur a été sanctionné, un risque qu’il était conscient de prendre comme il le raconte dans l’un de ses propres communiqués « je savais que j’aurais une pénalité ou que mon acte aurait des conséquences ».

La décision de Blizzard elle, n’a pas, mais alors pas du tout, plu aux internautes. Sur Twitter le hastag #BoycottBlizzard a connu un franc succès en entrant en tendance mondiale. Des figures de la communauté Hearthstone se sont associées au hastag. Brian Kibler, 500 000 abonnés sur Twitch a annoncé à Blizzard qu’il ne viendrait pas au grand rendez-vous de l’éditeur, la Blizzcon, qui doit-ce tenir le 1 et 2 novembre.

Beaucoup d’internautes ont même décidé de supprimer l’application de l’éditeur, Battle.net, prenant le risque de perdre leurs statistiques. Sur Reddit, Mei, un personnage chinois d’Overwatch, autre jeu populaire de Blizzard, est devenu un même des manifestants Hongkongais. Le cours de la bourse de Blizzard a même légèrement baissé entre le 7 et le 10 octobre.

Des employés mécontents ont également montré leur colère en dissimulant devant le siège de l’entreprise des phrases censées représenter les valeurs de Blizzard, notamment « Every Voice Matters », chaque voix compte.

Un sénateur américain, Ron Wyden, a même décidé de s’en mêler en déclarant sur Twitter, « Blizzard montre qu’il est prêt à s’humilier pour plaire au Parti communiste chinois. Aucune entreprise américaine ne devrait censurer les appels à la liberté pour faire de l’argent rapidement ».

Car oui. Blizzard, dans son empressement à sanctionner Blitzchung, est soupçonné de l’avoir fait pour de basses considérations économiques. Tencent, géant du numérique de l’Empire du Milieu est actionnaire a hauteur de 5% au sein de l’entreprise de Blizzard. De plus si la Chine n’est pas encore un marché de premier ordre pour l’entreprise d’Irvine en Californie, la zone Asie-Pacifique entière représente 12% du chiffre d’affaires, elle pourrait devenir un marché majeur à l’avenir.

Dans le communiqué publié par Blizzard, le président du groupe Allen Brack nie que la décision a été prise dans un but diplomatique, pour préserver les autorités chinoises. Selon lui les relations de Blizzard avec la Chine n’ont rien à voir avec la décision qui a été prise « Si c’est le point de vue opposé qui avait été exprimé de la même manière, pour délibérément diviser, nous aurions agi de la même façon ».

Quant aux valeurs de l’entreprise, « Every Voice Matters » et « Think Globally », pour Allen Brack, elles signifient que le jeu vidéo doit rapprocher les cultures plutôt que les diviser comme Blitzchung l’avait fait avec sa déclaration.

Des sanctions justifiées et abaissées

Blizzard reste donc sur ces positions, le joueur et les deux présentateurs méritent d’être sanctionnés, mais moins durement. Reconnaissant que Blitzchung, avant de se faire exclure de la compétition, avait gagné ses cashprizes (gain d’argent) dans les règles, ceux-ci ne lui seront finalement pas retirés. Une décision « vraiment appréciée » par le joueur Hongkongais.

Par ailleurs son bannissement est réduit à 6 mois, une période qui lui permettra d’intégrer la prochaine saison d’Hearthstone « s’il le souhaite » explique Allen Brake. Enfin, les deux présentateurs sont mis de côté pour 6 mois au lieu de l’être pour une durée indéterminée. Toujours dans son communiqué de réaction Blitzchung remercie Blizzard d’être revenu sur sa position, même si 6 mois reste trop longs à ses yeux. Quant à la possibilité de rejouer à des tournois professionnels ? « Honnêtement, je n’en ai encore aucune idée ».

Dans ce communiqué consensuel Blitzchung a plutôt tendance à enterrer la hache de guerre avec l’éditeur, mais est-ce que cela sera suffisant pour les autres fans déçus par l’attitude de Blizzard ? La Blizzcon 2019 sera l’occasion de le mesurer. Beaucoup de joueurs projettent déjà de se rendre au rendez-vous avec des tee-shirts en faveur de Hong Kong.