Cette semaine, la dette d’Altice France, qui s’élevait à 60 milliards d’euros en août 2023, a été dégradée par les sociétés de gestion de risques et d’analyse financière Moody’s et S&P. Rien qu’en France, le groupe doit aujourd’hui 24 milliards d’euros à ses créanciers. En 2024, son niveau d’endettement devrait atteindre 7,4 fois le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (Ebitda), contre 6,4 fois à la fin 2023. L’objectif initial de l’entreprise étant de 4 pour l’année à venir.
La bonne nouvelle est que les marchés n’ont pas à craindre une éventuelle faillite d’Altice. La dette du groupe est répartie entre plusieurs fonds et ne représente jamais plus de 2 % de chacun des portefeuilles de crédit. « Une faillite de l’empire télécoms réduira au plus notre rendement annuel de 1 % au final, pour le ramener à 16 %. Mais cela ne fera pas vaciller les 230 milliards d’euros des fonds européens CLO », estime un créancier auprès des Echos.
Toutefois, en moins d’un an, cela représente tout de même la deuxième baisse de notation. La précédente avait eu lieu en juin dernier, à la suite d’ouvertures d’enquêtes en France et au Portugal visant le numéro 2 d’Altice, Armando Pereira, pour corruption. La note de Moody’s était alors passée de B2 à B3.
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Dans ce contexte peu réjouissant, un bras de fer se joue entre Patrick Drahi, le propriétaire du groupe, et ses créanciers depuis plusieurs mois. Le milliardaire possède une stratégie bien ficelée pour racheter sa date à un prix décoté à la fin réussir à l’annuler. Ainsi, il refuse d’utiliser ses dernières cessions, comme la vente de BFM à 1,55 million d’euros à l’armateur CMA CGM, pour se désendetter du temps que les créanciers n’ont pas fait un premier geste en revendant à petit prix certaines dettes. Un « chantage certes légal mais jamais vu en Europe », pointe Les Echos.
La baisse de la notation d’Altice irait ainsi dans le sens de Patrick Drahi. Pour cause, elle pourrait faire craindre aux investisseurs un risque de faillite et donc d’entrer dans le jeu proposé par l’homme d’affaires. Pour l’instant, les prêteurs résistent et semblent même confiants. « Si Patrick Drahi a tenté son coup à l’américaine, c’est bien qu’il a peur de perdre un jour son investissement avec une restructuration classique du type Orpea ou Casino », indique une source proche du dossier. Si les créanciers n’ont pas encore cédé, l’homme d’affaires résidant suisse possède encore une autre carte : le temps. Sa plus grosse échéance de dette arrive à son terme en 2028.