Pékin appelle ses constructeurs de véhicules électroniques à acheter des semi-conducteurs à des entreprises chinoises. L’annonce intervient dans un contexte où plusieurs fournisseurs étrangers de puces quittent la Chine, notamment au profit du Japon, et où les États-Unis cherchent à freiner les avancées chinoises, pendant que, dans le même temps, Pékin cherche à gagner en indépendance.
Des sociétés chinoises comme Geely et BYD ont ainsi reçu une demande du gouvernement les incitant à acheter localement leurs puces. Plus tôt dans l’année, le ministère de l’industrie et des technologies de l’information chinois les avait déjà enjoint à passer un cinquième de leurs commandes de semi-conducteurs à des entreprises locales d’ici 2025. Néanmoins, les progrès étaient trop lents aux yeux du ministère.
Inscrivez-vous à la newsletter
En vous inscrivant vous acceptez notre politique de protection des données personnelles.
C’est pourquoi les autorités chinoises ont décidé de passer à la vitesse supérieure en ce mois de mars. Cette fois-ci, elles demandent expressément aux entreprises chinoises d’éviter, dans la mesure du possible, les approvisionnements à des entreprises étrangères. Par conséquent, les fabricants non-chinois doivent passer leur fabrication par l’intermédiaire de fonderies locales, comme SMIC ou Hua Hong Semiconductor.
Selon une source proche du dossier rapportée par Bloomberg, lors de l’appel d’offres d’une grande marque de voiture électronique chinoise, un prestataire étranger a vu le marché lui passer sous son nez alors que son prix aurait été 30 % inférieurs à celui de l’entreprise sélectionnée. De quoi faire planer des incertitudes chez plusieurs acteurs comme Nvidia, NXP Semiconductor, Renesas Electronics et Texas Instruments. Mais aussi de quoi faire sourciller les Etats-Unis.
Pékin débloque un fonds de 24,5 milliards d’euros pour soutenir le secteur
Washington pointe des risques en matière de collecte de données et de cybersécurité posés par les voitures connectées, notamment en provenance de Chine. Gina Raimondo, secrétaire au Commerce des États-Unis, supervise ainsi une enquête qui pourrait aboutir à des restrictions sur la vente de ces voitures aux États-Unis. Celle-ci devrait aller au-delà d’une augmentation des droits de douane.
États-Unis et Chine investissent tous deux massivement dans le secteur des semi-conducteurs qui est plein boum. En 2000, seulement 18 % des voitures possédaient de l’électronique propulsée par des semi-conducteurs. Elles étaient 40 % en 2020. Et les prévisions grimpent à 45 % pour 2023. Pour répondre à cette demande et aux mutations du marché, l’Empire du milieu doit construire 26 usines qui produiront des puces de 200 et 300 millimètres d’ici 2026. Quant au pays de Big Brother, 16 unités de production sont en projet.
Toutefois, pour que les sociétés chinoises se hissent parmi les acteurs à la pointe de la technologie, des progrès restent nécessaires. Celles-ci demeurent à la traîne dans l’innovation et produisent majoritairement des puces d’ancienne génération. La Chine multiplie ainsi les subventions afin de soutenir ses entreprises face aux acteurs historiques. Elle a mis en place un fonds de plus de 24,5 milliards d’euros afin de soutenir les investissements dans le secteur. Une enveloppe qui porte les dépenses en recherche du pays à près de 47 milliards d’euros.