Ce mardi 5 mars, Nokia a commencé son plan de rupture conventionnelle collective en France. L’objectif est de réduire la masse salariale, sur la base du volontariat, de 14 %, ce qui représente 357 postes. La branche Nokia Networks France, qui emploie près de 2 600 personnes, est la première visée. Un tiers des 357 postes à supprimer concernent la R&D. Les pôles ASN et ASN Marine, qui gèrent le développement de câbles sous-marins, seraient quant à eux épargnés.
Ces changements interviennent dans un contexte économique en berne pour le groupe finlandais. Après un troisième trimestre en baisse, marqué par un recul des ventes nettes de 20 %, Nokia a annoncé en octobre dernier supprimer jusqu’à 14 000 emplois à travers le monde, soit 16 % des effectifs. Cela devrait permettre une économie de 400 millions d’euros sur l’année en cours et de 1,3 milliard d’euros sur les trois ans à venir.
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Cette décroissance ne représente pas une grande surprise pour le secteur des télécoms, habitué à fonctionnement cyclique dû aux changements technologiques. Nokia doit actuellement investir dans la 6G au moment où les affaires dans la 5G reculent, du fait d’une couverture déjà largement déployée. Une situation habituelle qui est néanmoins accentuée par la forte inflation entraînée par la guerre en Ukraine, mais aussi par la perte d’un gros marché. En décembre 2023, l’américain AT&T a préféré Ericsson à Nokia pour un contrat à 14 milliards de dollars. Jusque-là, 30 % du réseau d’AT&T était équipé par le finlandais.
En parallèle des suppressions de postes, d’autres changements structurels sont intervenus au sein des effectifs français de Nokia. En janvier, les équipes juridiques, de finance et de ressources humaines ont été rattachées à une nouvelle entité : Nokia Business Services. Fin 2023, une partie de la branche Cloud Network Services a été cédée au groupe Lumine. Par ailleurs, depuis la fusion entre Alcatel-Lucent et Nokia en 2016, six plans de départs ont déjà été exécutés, en 2017, 2019, 2020 et 2023.
« Cela s’inscrit aussi dans une volonté constante de diminuer l’emploi dans les pays high cost comme la France, l’Allemagne ou la Belgique, pour le renforcer dans les régions low cost comme l’Inde, la Pologne ou le Portugal », pointe la CFE-CGC auprès des Echos. Le syndicat note également un climat de « forte anxiété », avec des salariés « déstabilisés voire largement vulnérabilisés ».
Par ailleurs, des inquiétudes sont portées vis-à-vis du centre de cybersécurité de Lannion, en Bretagne. Alors que Nokia avait annoncé la création de 112 postes en 2020, seulement une trentaine ont été créés.