Bientôt la fin de deux années d’attente pour Orange et Masmovil. Le 20 février, la Commission européenne a autorisé la fusion des deux opérateurs en Espagne. Bruxelles avait initié une enquête sur cette opération. Devant les risques pour la concurrence, les deux entreprises ont été contraintes à faire des concessions.
La fusion entre Orange et Masmovil, la première d’une longue série ?
En mars 2022, Orange entrait en discussions avancées avec son concurrent espagnol MasMovil dans le but de fusionner leurs activités en Espagne. Celles-ci ont abouti à la volonté de créer une coentreprise à plus de 18,6 milliards d’euros, pesant près de 7,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Une opération qui a inévitablement attiré l’attention des régulateurs.
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La Commission européenne décidait en avril 2023 d’ouvrir une enquête approfondie autour de cette fusion. Bruxelles redoutait que « l’opération, telle qu’elle avait été initialement notifiée, ne restreigne la concurrence sur les marchés de détail de la fourniture de services internet mobiles et fixes en Espagne ». Le régulateur européen précisait que la fusion de ces deux géants espagnols des télécoms « pourrait entraîner une hausse des prix et une baisse de la qualité des services pour les consommateurs ».
Face à la réticence de Bruxelles, Orange et Masmovil se sont engagés à céder des actifs à Digi, très présent en Espagne. L’opérateur roumain va récupérer des fréquences 4G et 5G détenues par MasMovil, lui permettant « de construire son propre réseau mobile, et d’exercer une forte pression concurrentielle » sur la nouvelle coentreprise. Aussi, Digi pourra louer le réseau des deux partenaires s’il le souhaite. À noter que cet accord d’itinérance est facultatif, l’opérateur pouvant rester avec son fournisseur actuel, Telefonica ou choisir Vodafone, le dernier grand acteur présent dans le pays ibérique.
Fin juillet, la Commission européenne avait retenu son enquête, le temps d’étudier l’ensemble des concessions. Finalement, elles ont pleinement convaincu Bruxelles. « Les remèdes proposés permettront à Digi, l’opérateur de réseau mobile virtuel le plus important et à la croissance la plus rapide en Espagne, de reproduire la forte pression concurrentielle exercée jusque-là par MasMovil, » assure Margrethe Vestager, la vice-présidente de la Commission européenne.
Du côté d’Orange, on se réjouit de cette issue favorable. Christel Heydemann, directrice générale de l’opérateur historique français, a déclaré que « ce feu vert de la Commission européenne représente une avancée majeure pour le développement du groupe en Europe. L’union des forces d’Orange et MasMovil nous permettra d’atteindre la taille critique pour innover et investir pour l’avenir ». La transaction devrait être finalisée d’ici la fin du mois de mars.
Si les deux sociétés étaient suspendues aux lèvres de la Commission européenne, d’autres opérateurs attendaient de voir si Bruxelles validerait ou non cette concentration. Longtemps réticente, l’Union européenne serait prête à lâcher du lest, validant les projets de fusion entre acteurs des télécoms pour revigorer le déploiement de la 5G et moderniser les infrastructures vieillissantes.