La Commission européenne envisage de relâcher la pression réglementaire pesant sur les télécoms, notamment vis-à-vis des fusions entre acteurs. Objectif, revigorer le déploiement de la 5G et moderniser les infrastructures vieillissantes.
La consolidation du marché européen des télécoms envisagée
L’année dernière, les groupes de télécommunications ont indiqué qu’ils devraient dépenser jusqu’à 50 % de leurs recettes annuelles au cours des cinq prochaines années pour investir dans l’infrastructure réseau. Un document de la Commission européenne, qui devrait être présenté le 21 février aux parties prenantes, suggère un assouplissement des règles entourant les fusions dans le secteur. Le but est de leur permettre de financer leurs efforts sans risquer de s’endetter.
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Deutsche Telekom, Orange, Telefonica et Telecom Italia ont mené une longue campagne de lobbying auprès de l’autorité antitrust européenne, lui demandant justement de faciliter la consolidation du marché. Le rapport mentionne près de cinquante opérateurs de téléphonie mobile et plus de cent opérateurs de téléphonie fixe.
La Commission a constaté que « la fragmentation [du secteur] pourrait avoir une incidence sur la capacité des opérateurs à atteindre l’échelle nécessaire pour investir dans les réseaux de l’avenir, notamment en ce qui concerne les services transfrontaliers ». Jusqu’alors, les régulateurs se montraient récalcitrants sur une possible consolidation, en bloquant notamment la tentative de rachat d’O2 par CK Hutchison en 2016.
« La question se pose de savoir si une consolidation transfrontalière ou différentes formes de coopération en amont pourraient permettre aux opérateurs d’acquérir une taille suffisante, sans compromettre la concurrence en aval », poursuit-elle. Le champ d’application des règles actuelles pourrait également être élargi en raison de la convergence entre les réseaux de communications électroniques et les services cloud, estime le régulateur.
L’opération entre Orange et MasMovil comme signal ?
« L’échelle est essentielle pour réaliser les investissements massifs nécessaires à la construction de l’infrastructure numérique de pointe dont l’Europe a besoin pour sa compétitivité. Il existe encore trop d’obstacles réglementaires à un véritable marché unique des télécommunications », a commenté Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, au Financial Times.
La semaine prochaine, la Commission européenne devrait aussi rendre son verdict concernant la fusion entre Orange et MasMovil en Espagne, visant à créer une co-entreprise capitalisée à 18,6 milliards d’euros. Une approbation de l’opération ferait office de signal fort pour la filière, ouvrant la voie à des initiatives similaires au sein du bloc.
Par ailleurs, Bruxelles n’écarte pas l’idée d’obliger tous les acteurs, et notamment les géants de la tech, à payer pour l’utilisation de l’infrastructure réseau. L’UE va ainsi dans le sens du lobby européen des télécoms, qui exige l’aide des entreprises américaines pour le déploiement de la 5G et du haut débit. Google, Meta, Amazon.com, Netflix, Apple et Microsoft représentent plus de la moitié du trafic de données sur Internet, a-t-il indiqué.