Alors que le projet de rachat de Masmovil par Orange était dans le viseur de la Commission européenne, cette dernière a décidé de mettre en pause son enquête le 28 juillet dernier. Bruxelles va prendre le temps d’étudier l’ensemble des concessions proposées par les deux opérateurs. Elles doivent éviter de mettre à mal la concurrence dans le secteur des télécoms, notamment en Espagne.

La Commission européenne veut prendre le temps d’analyser l’opération

En mars dernier, l’opérateur français présentait son rapprochement avec Masmovil dans le but de créer une coentreprise dans la péninsule ibérique. Alertées par l’opération, les instances de l’Union européenne ont décidé d’ouvrir une enquête approfondie sur la fusion des deux entités.

La Commission européenne considère que l’alliance des deux opérateurs pourrait ne pas respecter le cadre législatif en vigueur sur les concentrations ayant pour but de limiter les pratiques anticoncurrentielles. Épinglée par l’institution européenne, une communication des griefs a été envoyée aux deux entreprises au cours du mois de juin. Ce document a permis d’indiquer aux deux groupes que l’UE avait de sérieuses réserves à l’égard d’une fusion.

L’instance européenne redoute une hausse des prix due à la baisse du nombre d’opérateurs dans le pays, Orange et Masmovil étant chacun dans le top 4 du marché des télécoms en Espagne. La Commission se donnait jusqu’au 4 septembre prochain pour tirer ses conclusions, mais en mettant en pause l’enquête, elle repousse cette échéance pour une durée indéterminée.

Orange et MasMovil pourraient bien céder des parts à leurs concurrents espagnols

Généralement, cette procédure de pause se met en place lorsque les entités interrogées ont omis de fournir en temps voulu, un élément d’information jugé important demandé par la Commission européenne. Néanmoins, cette interruption des investigations reste classique : elle va permettre aux enquêteurs de se pencher sur les concessions proposées par les deux opérateurs pour que leur fusion puisse aboutir.

Orange et Masmovil pourraient bien céder des actifs à des concurrents afin d’éviter de représenter un poids trop important sur le marché espagnol, un des plus compétitifs d’Europe. En effet, la loi espagnole oblige les opérateurs à partager leurs réseaux à des prix réglementés, ce qui facilite l’arrivée de nouveaux acteurs dans le secteur.

Alors que Telefonica ou Orange ont connu des baisses de revenus ces dernières années dans le pays ibérique, MasMovil a connu une forte croissance de 17 % en 2022, en se concentrant principalement sur des offres d’entrée de gamme. L’opérateur français, très intéressé par la croissance de son concurrent en Espagne, s’est donc rapproché de lui pour lui proposer la création d’une co-entreprise capitalisée à 18,6 milliards d’euros.