Malgré elle, Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) a été au centre des débats de l’élection présidentielle taïwanaise qui se déroulera le 13 janvier. Les candidats à la présidence et à la vice-présidence ont débattu des investissements du groupe à l’étranger, mais aussi sur les tensions existantes entre la Chine et Taïwan qui pourraient bien peser sur l’attractivité de l’île.

TSMC, la montagne sacrée qui protège Taïwan

À l’occasion d’un débat télévisé, Jaw Shaw-kong, le candidat à la vice-présidence du Kuomintang (KMT), le plus grand parti d’opposition du pays, a assuré que « si Taïwan ne bénéficie pas d’un environnement pacifique, personne n’osera investir ». Il n’a pas hésité à accuser le Parti progressiste démocrate (PDP), au pouvoir depuis 2016 via la présidente Tsai Ing-wen, d’être à l’origine du renforcement des tensions avec l’Empire du Milieu.

Pour le candidat du KMT, la menace chinoise grandissante a obligé « TSMC à s’enfuir à l’étranger ». En tant que plus grande entreprise taïwanaise, mais aussi plus importante fonderie de semi-conducteurs au monde, TSMC est souvent mentionné lors des campagnes électorales à Taïwan. Ces derniers mois, le groupe a en effet annoncé plusieurs investissements hors de ses bases.

Le fleuron national va faire son arrivée en Europe où elle prévoit de construire une usine à Dresde, dans l’est de l’Allemagne. Elle a pu compter sur une subvention record de 5 milliards de dollars pour son projet, correspondant à la moitié de son coût total. Déjà présent au Japon et aux États-Unis, TSMC va également y construire de nouvelles usines afin d’étendre ses sites de productions sur l’île de Kyushu et en Arizona.

Pour débouter les arguments de Jaw Shaw-kong, Hsiao Bi-khim, la candidate à la vice-présidence du PDP a déclaré que les investissements étrangers, eux, avaient atteint des niveaux records sous la présidence de Tsai Ing-wen. « TSMC est la fierté de Taïwan et ne doit pas être utilisé à des fins de compétition politique ou de consommation. C’est notre montagne sacrée qui protège le pays » a-t-elle précisé, faisant référence à une expression couramment utilisée à Taïwan pour décrire l’importance du groupe pour l’économie de l’île. « TSMC prend des décisions en lien avec sa présence à travers le monde en fonction des besoins de l’industrie et des clients, » a-t-elle ajouté.

Dans les derniers sondages, les candidats du PDP et du KMT sont au coude à coude, glanant chacun entre 35 et 40 % des intentions de votes. Assez loin derrière, le parti populaire taïwannais, plus jeune, fait figure d’outsider. Dans deux semaines, les taïwannais voteront pour désigner leur nouveau président et vice-président, qui resteront au pouvoir durant quatre ans.