Le débat autour des modèles d’intelligence artificielle (IA) fermés ou en open source s’intensifie. Les géants Meta et IBM s’associent à plus de quarante autres entreprises technologiques pour former l’AI Alliance. Son objectif, « permettre aux développeurs et aux chercheurs d’accélérer l’innovation responsable dans le domaine de l’IA tout en garantissant la rigueur scientifique, la confiance, la sûreté, la sécurité, la diversité et la compétitivité économique ».

S’associer face à la dominance des modèles fermés

Deux écoles s’affrontent dans le secteur de l’IA. D’un côté, ceux qui défendent des modèles fermés à l’instar d’OpenAI, de Microsoft ou de Google et de l’autre, les partisans de l’open source. Meta, avec son modèle Llama 2, en fait partie. L’entreprise s’affiche désormais en chef de file d’un mouvement plus vaste visant à promouvoir l’ouverture des systèmes d’IA.

« L’innovation ouverte et transparente est essentielle pour permettre à un large éventail de chercheurs, de concepteurs et d’utilisateurs d’IA de disposer des informations et des outils nécessaires pour exploiter ces progrès de manière à privilégier la sécurité, la diversité, les opportunités économiques et les avantages pour tous », écrivent les membres de l’AI Alliance dans un communiqué.

Plusieurs entreprises figurant dans le groupe disposent de leurs propres produits d’IA, mais peinent à égaler l’attention que suscitent OpenAI ou Microsoft. L’organisme compte Oracle, Intel ou même AMD parmi ses membres. Le fabricant de puces devrait d’ailleurs présenter cette semaine des processeurs d’IA qui constitueront une alternative « solide » aux offres de Nvidia, selon son vice-président exécutif Forrest Narrod. Le français Hugging Face, ainsi que Stability AI, font également partie de l’alliance.

« Il s’agit d’une approche beaucoup plus distribuée, mais bien plus résiliente, car aucune institution ne peut faire dérailler le succès du moteur ouvert », confie Darío Gil, vice-président d’IBM et directeur d’IBM Research.

Le débat autour de l’open source fait rage

Le lancement de l’AI Alliance intervient un peu plus d’un an après celui de ChatGPT. Un timing qui n’est sans doute pas dû au hasard. Les professionnels souhaitent en effet disposer d’un plus grand nombre de fournisseurs de produits d’IA. « Nous pensons qu’il est préférable que l’IA soit développée de manière ouverte, quand plus de personnes peuvent accéder aux avantages, créer des produits innovants et travailler sur la sécurité », commente Nick Clegg, président des affaires globales de Meta.

Pour leur part, les opposants à l’open source assurent que les modèles ouverts risquent de tomber entre des mains malveillantes. Ce débat fait d’ailleurs rage chez les régulateurs également, les acteurs de l’open source ayant demandé aux décideurs européens de se montrer plus souples avec leurs modèles.

La nouvelle coalition se concentrera sur le développement responsable de l’IA, y compris les outils de sûreté et de sécurité. Le groupe cherchera en outre à augmenter le nombre de modèles ouverts, à élaborer de nouveaux matériels et à s’associer à des chercheurs universitaires. « Si vous pensez que l’avenir de l’IA sera déterminé par deux, trois ou cinq institutions, vous vous trompez », assure Darío Gil.