Pour la dixième année consécutive, la Société Foncière Lyonnaise (SFL) a fait appel à l’IFOP pour réaliser le baromètre Paris WorkPlace, mettant l’accent sur le monde du travail au bureau sur la région Île-de-France. Avec l’émergence de l’intelligence artificielle et celle du télétravail suite à la pandémie de Covid-19, les habitudes et les comportements liés à la vie professionnelle ont évolué. « Le maître mot, c’est la liberté, c’est la flexibilité » souligne Aude Grant, Directrice générale déléguée de la SFL pour Siècle Digital.
Entre présentiel et télétravail, le succès de la formule hybride
Avant 2020, année où la pandémie de Covid-19 a fait son apparition, les Franciliens se montraient timidement favorables au télétravail. En moyenne, ils plébiscitaient 1,5 jour de travail à distance par semaine. En 2020, ce chiffre est parti à la hausse. « Il y a eu un changement, il n’est pas forcément révolutionnaire, mais nous constatons que depuis le Covid-19, la valeur de 2,3 jours de télétravail par semaine n’a pas bougé, » précise Aude Grant.
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À l’avenir, cette valeur devrait se stabiliser autour de 2 jours de télétravail par semaine, contre 3 au bureau. Graphique : IFOP. Source : Paris WorkPlace.
Il est acquis que le débat « présentiel vs distanciel » est devenu obsolète. Le format hybride « 3-2 » s’est démocratisé : 3 jours au bureau, 2 jours en télétravail. La formule pourrait avoir un impact non négligeable sur la géographie du travail puisque 57% des salariés pensent qu’à l’avenir ils habiteront en province et ne viendront que deux à trois jours par semaine sur la capitale, au bureau.
Comme l’indiquait une étude de 2021 proposée par Globalization Partners, le télétravail aurait un impact positif sur le bien-être des salariés. Le rapport publié par l’IFOP et la SFL rejoint ces mêmes conclusions. Alors que la note de bien-être au travail était de 6,4/10 en 2016, elle est de 7 en 2023, grâce à la démocratisation du format hybride.
Si les travailleurs souhaitent conserver quelques jours en présentiel, c’est principalement pour entretenir de bonnes relations avec leurs collègues. Chez les 18-25 ans, cette tendance est d’ailleurs plus nette, car ils ne suggèrent que 2,1 jours de télétravail, moins que dans toutes les autres catégories d’âges. « Lorsque les jeunes viennent au bureau, c’est d’abord pour avoir des interactions sociales avec leurs collègues, plus que dans l’optique de travailler plus efficacement » indique la directrice générale déléguée de la SFL.
Intelligence artificielle : les salariés ont un avis à double tranchant
L’autre nouveauté dans les bureaux, c’est l’intelligence artificielle. La moitié des employés franciliens considère que cette technologie va drastiquement changer leurs habitudes. « Les salariés sont en avance par rapport aux entreprises en matière de nouvelles technologies. Pour eux, l’IA va avoir des conséquences très pratiques sur leur manière de travailler. En bien comme en mal, » analyse Aude Grant.

Avec le temps gagné sur les tâches qu’ils ont habituellement à réaliser, les employés de bureau cherchent à renforcer leurs interactions sociales avec leurs collègues. Graphique : IFOP. Source : Paris WorkPlace.
Et pour cause, si plus de 4 travailleurs sur 10 pensent que l’IA leur permettra de travailler plus efficacement, 44 % des salariés pensent que les nouvelles technologies auront remplacé la majorité des emplois de bureau dans les dix prochaines années. Une nouvelle fois, ce sont les jeunes les plus réticent en la matière. À juste titre selon l’OCDE qui s’inquiétait en juillet dernier de l’impact de l’IA sur la conservation des emplois. L’organisation considère que 27 % des emplois correspondent à des professions pouvant être amenées à disparaître à la suite de l’adoption de l’IA.
Et même si leur emploi venait à être conservé, plus de 40 % des salariés moins de 25 ans pensent que leur webcam sera en permanence allumée en télétravail afin de les scruter. Les jeunes « veulent être libres. Ils ont peur que ces nouvelles technologies contrôlent leur manière de travailler » précise Aude Grant. Alors, faut-il pronostiquer l’avènement d’un travail déshumanisé ? Pas vraiment. Depuis 2013, et la création du baromètre, le bureau reste un lieu de sociabilisation perçu comme indispensable. La moitié des travailleurs pensent qu’« à l’avenir, on prendra davantage le temps de se parler au travail », ils sont même 70% des moins de 25 ans à le penser.