De jeunes gens qui prennent la pause sur une pirogue avant de piquer un saut. D’interminables plages de sable blanc, immortalisées pendant cette golden hour si prisée des Instagrameurs du monde entier. Des planches de surf, des kayaks, des chevaux harnachés pour l’aventure. Des plats traditionnels, aussi relevés que colorés. Des sourires, et encore des sourires. Des gestes de la main, comme une invitation à l’inconnu.

Bienvenue au Congo-Brazzaville. Alors que s’y tenait, du 26 au 28 octobre, un important sommet international consacré à la défense des forêts tropicales, l’influenceuse gabonaise Scheena Donia (114 000 followers sur Instagram) a orchestré une ambitieuse campagne de « nation branding » autour de ce pays d’Afrique centrale et de ses innombrables atouts. L’occasion était trop belle pour ne pas associer l’attention médiatique générée par la présence à Brazzaville de plusieurs chefs d’État venus porter la voix des forêts tropicales à la promotion, touristique et économique cette fois, de ce même cadre naturel et culturel d’exception. Au centre du continent africain, la République du Congo ambitionne donc de se positionner, aussi, au cœur de ce que l’Afrique inspire en termes d’aspirations, de rêves et de désirs. Une ambition crédible, à en croire Scheena Donia : « Le Congo est un petit pays aux paysages naturels à couper le souffle. Il réunit toutes les conditions pour développer une industrie touristique de premier plan dans les prochaines années à condition de poursuivre ses investissements dans les infrastructures et dans la formation afin de répondre aux standards du tourisme de luxe ».

Photographie du Congo

Crédits : Scheena Donia / Instagram.

Les forêts tropicales menacées

Le sujet qui rassemblait à Brazzaville une dizaine de chefs d’État africains et, par visioconférence, Emmanuel Macron, Antonio Guterres et le président brésilien Lula, n’en demeure pas moins des plus sérieux. Placé sous les auspices des Nations Unies et de l’Union africaine, le « Sommet des Trois Bassins des Ecosystèmes de Biodiversité et des Forêts Tropicales » a réuni les pays des trois grandes régions mondiales abritant les « poumons verts » de la planète : le bassin du Congo, le bassin de l’Amazonie et le bassin Bornéo-Mékong-Asie du Sud-Est – une véritable « OPEP des forêts », comme la surnomment certains. À eux seuls, ces bassins représentent 80 % des forêts tropicales au monde et abritent « les trois quarts de sa biodiversité », selon la ministre congolaise de l’Environnement, Arlette Soudan-Nonault.

Absolument essentiels à l’équilibre de la planète et, notamment, à la régulation d’un climat favorable à la vie sur Terre, ces bassins et leurs forêts sont menacés par les activités humaines. En dépit des promesses faites depuis plusieurs décennies par les grands de ce monde, quelque 6,6 millions d’hectares de forêts ont disparu au terme de la seule année 2022 – dont une grande partie au sein des forêts primaires tropicales. L’heure n’est donc plus aux demi-mesures, ont en substance dit les dirigeants réunis à Brazzaville. Réaffirmant la force de leur « engagement », les participants au sommet ont notamment appelé à « aller plus loin » pour défendre les forêts, en mettant l’accent sur la « collaboration » entre tous les acteurs et pays concernés.

 

Photographie du Congo

Crédits : Scheena Donia / Instagram.

Congo, #landofopportunities

Sur scène donc, la sauvegarde de la forêt tropicale ; en coulisses, la promotion, sur un autre mode, de ce même trésor vert. À l’invitation de Scheena Donia, une quarantaine de créateurs de contenus, caméramans et influenceurs d’Afrique centrale et de France ont répondu présent – y compris, ce qui témoigne d’une ouverture pas toujours de mise dans tous les pays africains, des personnalités issues de la communauté LGBTQIA+. En marge du sommet, Adeoluwa Prince Enioluwa (1,9 million de followers sur Instagram), l’ancienne Miss France Flora Coquerel (554 000 abonnés) ou encore l’influenceur voyages Franck Edja (150 000 abonnés) se sont pris au jeu et ont pu faire découvrir à leurs communautés les lieux emblématiques de la culture et de la nature congolaises : le lac bleu, qui doit son nom à la roche tapissant son fond ; la réserve de gorilles Lesio Louna ; la basilique Sainte-Anne de Brazzaville ; etc.

Déployée sur TikTok, Facebook et Instagram, cette opération de communication a permis de partager une centaine de contenus divers et variés sur les réseaux sociaux. Avec un joli succès à la clé, une communauté de près de 15 000 internautes s’étant, en quelques jours seulement, fédérée autour du hashtag #landofopportunities et de comptes dédiés comme VisitCongo, qui ont bénéficié de centaines de partages, commentaires et autres likes. Des débuts prometteurs donc, pour ce qui apparaît comme la première pierre d’une véritable stratégie globale de « nation branding », moderne, efficace et n’ayant, décidément, rien à envier à celles des autres pays africains et même des puissances occidentales.