L’Union européenne examine de potentielles pratiques anticoncurrentielles dans l’industrie des processeurs graphiques (GPU) utilisées pour l’intelligence artificielle (IA) et les jeux vidéo. Ce secteur est allègrement dominé par Nvidia.
Nvidia règne sans partage
La firme américaine exerce un quasi-monopole sur le marché des GPU, avec une part estimée à 80 %. Le boom de l’IA générative n’a fait qu’accentuer cette tendance. Les puces de Nvidia alimentent la plupart des modèles actuellement déployés, à l’instar du désormais incontournable ChatGPT.
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La position de leader de cette entreprise attire l’attention des régulateurs. Selon Bloomberg, la Commission européenne a récemment demandé des avis informels sur d’éventuelles pratiques abusives dans l’industrie des puces graphiques. Cette initiative permettra à la commission de déterminer si une intervention est nécessaire, bien que cela ne garantisse pas qu’une enquête formelle sera lancée à ce stade préliminaire. « Il n’y a pas d’enquête formelle de la Commission sur l’affaire à laquelle vous faites référence », a déclaré un porte-parole de l’exécutif européen dans un courriel adressé à Reuters.
Nvidia a vu ses profits exploser ces derniers mois, lui permettant d’atteindre une valorisation boursière de plus de 1 000 milliards de dollars. L’entreprise bénéficie d’un flux de trésorerie considérable, qui lui permet non seulement d’investir dans de nouvelles technologies, mais également de reverser des bénéfices à ses actionnaires. En effet, ses liquidités sont abondantes, voire excédentaires. Les projections suggèrent qu’elle devrait générer environ 38 milliards de dollars d’ici la fin de l’exercice 2025, contre 23 milliards de dollars cette année.
Ses concurrentes directes, AMD et Intel, traversent une période bien plus modeste, ce qui accentue le monopole de Nvidia.
La France cible aussi l’entreprise
Cet événement intervient alors que l’Autorité de la concurrence, organisme français chargé de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles, a perquisitionné les bureaux de Nvidia ce mercredi 27 septembre. Un événement qui fait suite à un rapport publié par l’Autorité en juin, cherchant à déterminer si le secteur du cloud computing subit des pratiques déloyales.
« Ces perquisitions à l’aube ne présupposent pas l’existence d’une infraction à la loi qui pourrait être imputée à l’entreprise impliquée dans les pratiques alléguées, que seule une enquête approfondie sur le fond de l’affaire pourrait établir », a tout de même précisé l’Autorité de la concurrence. Elle a ouvert une instruction suite à la perquisition.
Il est très probable que les régulateurs français et européens aient échangé à ce sujet, étant donné leur étroite coopération sur les dossiers similaires.
Mise à jour 03/10/2023 : Ajout d’une déclaration d’un porte-parole de la Commission européenne à ce sujet.