Le feuilleton de l’été autour du LK-99, ce potentiel supraconducteur qui aurait pu révolutionner la physique, a pris fin ce 16 août. Plusieurs scientifiques ayant tenté de reproduire les travaux menés par les chercheurs sud-coréens, à l’origine de la découverte, ont conclu que le LK-99 n’a pas les propriétés espérées.

De nombreux scientifiques invalident les propriétés supraconductrices du LK-99

Aux premiers abords, le LK-99 aurait pu être le matériau miracle. Celui qui aurait permis aux chercheurs, mais aussi à l’industrie, d’exploiter l’électricité à son plein potentiel, sans avoir à reproduire les conditions intenses habituellement nécessaires pour avoir accès aux propriétés supraconductrices des matériaux. Les résultats des chercheurs sud-coréens étaient clairs : le LK-99 est un supraconducteur à température et pression ambiantes.

Une telle annonce a fait parler d’elle. La communauté scientifique s’est immédiatement penchée sur ces travaux, et les spécialistes du monde entier ont tout fait pour essayer de reproduire l’expérience menée par l’équipe de scientifiques asiatiques. Malgré de nombreuses tentatives, aucun chercheur n’a réussi à atteindre les fameuses propriétés supraconductrices décrites dans l’article sud-coréen.

Pire encore, les scientifiques ont réussi à prouver que le LK-99 n’était pas un supraconducteur. En réalité, ce matériau possède de nombreuses impuretés, dont le sulfure de cuivre, qui fait automatiquement baisser sa résistance électrique, causant sa lévitation au-dessus d’un aimant. Certains chercheurs y voient dans ces caractéristiques du ferromagnétisme, qui permet de soulever des matériaux, mais pas de le faire léviter. Voilà pourquoi dans la vidéo des scientifiques sud-coréens, le LK-99 semblait léviter seulement d’un seul côté.

Le LK-99, un matériau potentiellement supraconducteur.

La lévitation du LK-99 montrée par les chercheurs sud-coréens n’en est pas réellement une. Capture d’écran : Hyun-Tak Kim / ScienceCast.

Comment se fait-il que les chercheurs sud-coréens aient pu tomber sur ces résultats

Plusieurs analyses complémentaires ont permis de montrer qu’en effet, la chute de résistance électrique qui s’observe à 104°C peut laisser imaginer que le matériau est supraconducteur. Enfin, grâce à une analyse aux rayons X, il a été prouvé que le LK-99 était en réalité un isolant, un matériau qui ne conduit pas l’électricité.

Désormais, la communauté scientifique va tenter de savoir comment les chercheurs sud-coréens ont réussi à publier de tels résultats sans vérifier au préalable et jusqu’au bout leur trouvaille. Une hypothèse consiste à penser que ces scientifiques ont assimilé involontairement les propriétés découvertes à de la supraconductivité.

Toutefois, des suspicions de falsification de résultats peuvent être légion. Cette année, un chercheur américain, Ranga P. Dias, avait publié deux articles sur la supraconductivité, dont l’un présentant un matériau soi-disant supraconducteur à température ambiante. Après analyse, il s’est avéré que les deux articles comprenaient de multiples erreurs laissant envisager la falsification et la modification des résultats finaux. Depuis, le chercheur est sous le joug de deux enquêtes dans son université.