Un chercheur américain des départements de physique et de génie mécanique de l’Université de Rochester, dans l’État de New York, fait l’objet d’une enquête suite à la rétraction de l’un de ses articles sur la science des matériaux, le 15 août. Une affaire qui met en lumière les enjeux de la découverte d’un matériau supraconducteur révolutionnaire.

Le chercheur tente de défendre ses travaux autour de la supraconductivité

Alors que neuf des dix auteurs de l’article qui vient d’être réfuté ont accepté cette rétractation, Ranga P. Dias a continué à défendre ses travaux, affirmant que son papier présentait correctement ses résultats de recherche. Des déclarations surprenantes puisque plusieurs spécialistes de la science des matériaux ont remarqué que l’article comprenait plusieurs erreurs.

Dans la quête au supraconducteur parfait, le chercheur n’est pas le seul à proposer un matériau révolutionnaire. En juillet, des chercheurs sud-coréens ont présenté les supposées propriétés fascinantes du LK-99  qui propose les caractéristiques d’un supraconducteur, et ce, à température et pression ambiantes. La communauté scientifique s’est empressée de tenter de reproduire les résultats de leurs travaux. Pour l’heure, aucun chercheur n’a réussi, et certains pensent que le matériau ne possède que des propriétés ferromagnétiques.

Sur les travaux du chercheur américain, la question de l’authenticité n’est plus à l’ordre du jour. Pour se dédouaner, le chercheur avait affirmé que les erreurs avaient été introduites par mégarde par ses collaborateurs travaillant dans le laboratoire d’Ashkan Salamat, professeur de physique à l’Université du Nevada à Las Vegas.

Ranga P. Dias a assuré que l’introduction de ces erreurs « n’était pas intentionnelle et ne faisait partie d’aucun effort visant à induire en erreur ou à entraver le processus d’examen par les pairs », d’après le New York Times. Il a toutefois reconnu que les mesures qui ont abouti aux résultats erronés ont bien été effectuées dans son laboratoire, à l’Université de Rochester.

Plusieurs articles rétractés en moins d’un an, cela suffit pour lancer une enquête

En mars dernier, le docteur Dias avait déjà défrayé la chronique en déclarant avoir découvert un matériau supraconducteur révolutionnaire. Comme l’équipe sud-coréenne, ce matériau était censé disposer de caractéristiques supraconductrices à température ambiante. Toutefois, plusieurs scientifiques ont relevé de nombreuses erreurs dans son article, discréditant ses travaux.

Ils considèrent que Ranga P. Dias a fabriqué et falsifié des données afin de rendre son article plus crédible et plus intéressant, pour faire parler de lui. Face à cette accumulation de publications falsifiées, l’Université de Rochester et l’Université du Nevada à Las Vegas ont décidé de mener leurs enquêtes. Ces dernières seront « ouvertes et transparentes, » et tenteront de mettre la lumière sur « ce qui semble être une malversation potentielle, » selon l’un des enquêteurs.