L’Union européenne (UE) n’a pas tardé à réagir au décret américain restreignant les investissements dans les technologies de pointe chinoises. Si le Vieux Continent réfléchit à ses propres mesures, il choisit une approche bien plus mesurée.

L’UE reconnaît l’importance de limiter les investissements, mais ne veut pas s’aligner totalement sur les États-Unis

Dans un contexte de guerre commerciale qui s’envenime entre les deux premières puissances mondiales, Joe Biden a signé un décret afin de limiter drastiquement les investissements américains dans plusieurs technologies chinoises. Le texte concerne l’intelligence artificielle (IA), l’informatique quantique et les semi-conducteurs. Objectif : ne pas soutenir financièrement les efforts militaires de l’Empire du Milieu.

À travers cette initiative, les États-Unis souhaitent montrer la voie et encourager leurs alliés à engager des mesures similaires. L’UE, elle, prend ses précautions. Le bloc a fait savoir qu’il ne suivrait pas immédiatement Washington en interdisant les investissements dans le secteur technologique chinois. Plutôt, ses décideurs présenteront leurs propres propositions d’ici à la fin de l’année.

La situation de l’Union européenne est complexe. D’un côté, elle est encouragée à suivre son allié mais de l’autre, ses relations économiques avec la Chine sont bien plus significatives que les liens sino-américains. Il est également important de souligner que le capital-risque est moins présent en Europe ; d’où la nécessité d’adopter une approche différente.

« L’UE et les États membres ont un intérêt commun à éviter que les capitaux, l’expertise et les connaissances de nos entreprises n’alimentent des avancées technologiques qui renforcent les capacités militaires et de renseignement d’acteurs susceptibles de les utiliser pour porter atteinte à la paix et à la sécurité internationales », a tout de même affirmé un porte-parole de la Commission européenne. L’organisme « analyse attentivement » le décret, a-t-il précisé.

Les Européens pris en étau

Outre-Manche, la stratégie semble similaire. Un porte-parole du gouvernement a assuré que « le Royaume-Uni examinera attentivement ces nouvelles mesures alors que nous continuons à évaluer les risques potentiels pour la sécurité nationale liés à certains investissements ».

Alors que le pays tente d’apaiser les tensions avec la Chine, il a également renforcé son alliance historique avec les États-Unis au mois de juin. Rishi Sunak et Joe Biden ont signé un nouvel accord, et se sont engagés à approfondir les liens économiques dans des domaines tels que les technologies de pointe, l’énergie propre et les minerais essentiels.

La réponse prudente de la part des Européens témoigne de la situation complexe dans laquelle ils sont plongés. Pris en étau entre les deux premières puissances, les pays doivent jongler entre leurs liens étroits avec les États-Unis et leur dépendance économique à la Chine. C’est d’ailleurs pour cette raison que de plus en plus de mesures sont prises, à l’instar du Chips Act, afin de réduire cette dépendance.