Pas de panique, tout va bien ! Voici en substance le message qu’a voulu faire passer le gouvernement indien après le retrait de Foxconn ce lundi 10 juillet d’un projet d’usine de semi-conducteurs dans le pays. Un nouveau coup dur pour les ambitions du Premier ministre Narendra Modi pour son pays.
Foxconn quitte le navire, mais il vogue toujours
New Delhi l’avait officialisé avec fierté, le taïwanais Foxconn, principal fournisseur de produits électroniques au monde et le consortium Vedanta, spécialisé dans la métallurgie, avaient passé un pacte pour la construction d’une usine de semi-conducteurs et d’écran à 20 milliards de dollars. Elle devait sortir de terre dans l’État du Gujarat, terre d’origine du chef du gouvernement indien, et favoriser l’émergence d’une « Silicon Valley indienne ».
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Tous les acteurs du dossier s’échinent à minimiser l’impact du recul de Foxconn. L’entreprise elle-même a assuré qu’il s’agissait d’une co-décision. Vedanta s’est proclamé toujours aussi déterminé à installer une fonderie en Inde. Sur Twitter, le ministre d’État Rajeev Chandrasekhar, dont le portefeuille couvre, entre autres, l’électronique et la technologie, a déclaré que « cette décision de Foxconn de se retirer de sa JV avec Vedanta n’a aucun impact sur les objectifs de l’Inde #Semiconductor Fab. Aucun. »
➡️This decision of Foxconn to withdraw from its JV wth Vedanta has no impact on India’s #Semiconductor Fab goals. None.
➡️Both Foxconn n Vedanta have significant investments in India and are valued investors who are creating jobs n growth.
➡️It was well known that both… https://t.co/0DQrwXeCIr
— Rajeev Chandrasekhar 🇮🇳 (@Rajeev_GoI) July 10, 2023
Foxconn et Vedanta ont la particularité, l’un comme l’autre, de ne pas venir du monde des semi-conducteurs. Rajeev Chandrasekhar rapporte dans son tweet que la coentreprise n’est pas parvenue à s’associer à un partenaire technologique capable d’apporter son expertise.
Selon les informations de Reuters, le franco-italien STMicroelectronics avait été approché dans un premier temps. L’association n’aurait pas abouti, le groupe européen ne désirant pas s’investir outre mesure en Inde. L’agence de presse rapporte également que Foxconn aurait été rebuté par des retards sur l’obtention des incitations financières promis par New Delhi.
l’Inde essaie laborieusement de se faire une place dans l’industrie des semi-conducteurs
À la suite de la pénurie mondiale de puces et des tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine, où les composants occupent une place spécifique, Narendra Modi a voulu tenter le pari. Un plan de soutien pour l’installation d’une industrie locale a été lancé, alors que le pays n’a jamais produit de semi-conducteurs.
Face à la concurrence internationale, au manque d’expérience du pays, aux conditions de soutiens du gouvernement, les candidats ne se bousculent pas. Le projet d’un groupe basé à Singapour, IGSS Ventures, est au point mort. Un autre, soutenu par Tower semiconductor, est remis en cause par le rachat de l’entreprise par Intel. Les deux projets sont, ou étaient estimés à 3 milliards de dollars.
L’Inde a tout de même signé l’installation d’une usine, à l’occasion d’un voyage d’État aux États-Unis. Le premier fabricant américain de puces mémoires, Micron, va investir 800 millions de dollars, dans un programme à 2,75 milliards de dollars. Il ne sera pas question d’une fonderie, mais de test et d’emballage de semi-conducteurs. Une étape incontournable, mais nécessitant moins d’expertise technique que la fabrication. C’est un début.