L’heure est au changement chez Ÿnsect. Après plus de douze ans à la tête de la start-up spécialisée dans l’élevage d’insectes, Antoine Hubert, Cofondateur et actuel PDG, quitte ses fonctions. Il ne tire pas sa révérence pour autant : il occupera désormais la place de vice-président exécutif et de Chief Innovation Office, pour continuer d’accompagner la croissance de la pépite tricolore.

Des changements stratégiques pour mieux se développer

Dès la création d’Ÿnsect en 2011, Antoine Hubert et ses associés, Jean-Gabriel Levon, Fabrice Berro et Alexis Angot affichent un objectif : la volonté de créer un projet d’entreprise à impact, dans lequel les insectes contribueraient à l’approvisionnement mondial en matière de protéines. Ils précisent progressivement leur idée en se dirigeant vers l’alimentation animale et la fertilisation des plantes. Un univers empli d’incertitude.

La crise sanitaire a considérablement retardé la conception de la giga ferme verticale de la société à Poulainville, dans la Somme. En parallèle, elle subit de plein fouet l’augmentation des prix de l’énergie, des matières premières et des semi-conducteurs. Autant d’obstacles qui mettent en péril la pérennité de la jeune pousse. À cela viennent s’ajouter les difficultés rencontrées par bon nombre de start-up industrielles, parmi lesquelles les investissements conséquents de départ en R&D.

Malgré cela, Ÿnsect continue son ascension. L’entreprise recrute, dépose des brevets et lève des fonds. En avril dernier, elle réalise, avec difficulté, un tour de table de 160 millions pour accélérer sa cadence de production et restructurer son activité. Elle souhaite se recentrer sur les trois marchés à plus forte valeur ajoutée, à savoir l’alimentation pour les animaux de compagnie, l’alimentation pour les humains et les produits pour les plantes. L’alimentation pour le bétail est laissée de côté en raison de marges trop faibles. Ce virage stratégique a donné lieu à la fermeture de son site de production dédié aux Pays-Bas, où elle avait racheté son concurrent Protifarm, ainsi qu’à des licenciements. L’objectif : atteindre la rentabilité au plus vite.

C’est donc dans un contexte de transition qu’Antoine Hubert passe la main à Shankar Krishnamoorthy. Ancien membre du comité exécutif d’Engie, son remplaçant a fait ses premiers pas chez Ÿnsect en 2021. Depuis trois ans, il occupait le poste de directeur opérationnel et supervisait le développement international de la jeune pousse. Il a également mené le lancement du premier site industriel de la start-up à Amiens, qui démarrera cet été. Deux autres fermes verticales seront bientôt construites aux États-Unis et au Mexique.

« Je suis scientifique de formation, biologiste » a tenu à rappeler Antoine Hubert ce jeudi sur le plateau de Good Morning Business. « Se doter d’un patron industriel reconnu permettra au groupe de donner une nouvelle envergure à la société », assure-t-il. Le conseil d’administration d’Ÿnsect a aussi été renouvelé. Eugenio Minvielle, ancien directeur général d’Unilever Amérique du Nord, de Nestlé France ou encore de Nestlé Mexique, est l’un des membres du nouveau casting.