Après plusieurs levées de fonds totalisant plus de 500 millions d’euros en 2022, l’acteur majeur français de la Food Tech Ÿnsect annonce tout juste ses projets de restructuration d’entreprise. Son co-fondateur Antoine Hubert, lancé dans l’aventure depuis 2011, souhaite atteindre la rentabilité au plus vite.

Un contexte économique instable

Presque 10 ans après son lancement, la start-up industrielle Ÿnsect est confrontée à la pandémie Covid-19. Conséquence : le chantier de sa giga ferme verticale de Poulainville, dans la Somme, a pris du retard.

En 2021, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires de 17,8 millions d’euros, mais déplore une perte nette largement supérieure, représentant presque le double. Ajouté à cela, elle doit faire face à la montée des prix de l’énergie, des matières premières et des semi-conducteurs. Des circonstances qui mettent en péril la santé financière de la start-up.

Ÿnsect fait face aux difficultés naturellement rencontrées par une start-up industrielle, à savoir de gros investissements de départ en R&D, la création d’un démonstrateur et le développement de sites industriels. Contrairement à une start-up “Tech”, le chiffre d’affaires décolle seulement une fois cet écosystème mis en place.

Comme beaucoup de start-up de la French Tech, Ÿnsect revoit sa stratégie pour les années à venir.

Un recentrage sur trois marchés stratégiques, quelles conséquences ?

Afin d’augmenter sa production au plus vite, Ÿnsect se recentre sur les trois marchés à plus haute valeur ajoutée, où les marges sont les meilleures :

  • L’alimentation des animaux de compagnie (représentant la majeure partie de ses revenus)
  • L’alimentation humaine
  • Les fertilisants pour plantes

En contrepartie, la production d’ingrédients à partir d’insectes pour les élevages de volaille et de poissons sera revue à la baisse. La start-up a décidé de fermer son site de production dédié aux Pays-Bas. 35 postes s’en voient supprimés. Le reste des équipes se concentrera sur la R&D, domaine d’excellence aux Pays-Bas. Un plan de départs volontaires est mené en France, il concerne 38 postes et notamment des fonctions support.

Un avenir prometteur pour une entreprise ambitieuse

Bien que la période soit compliquée pour la start-up, les récentes déclarations faites dans Les Échos par Antoine Hubert laissent à penser que les co-fondateurs ont bon espoir pour la suite. Un deuxième atelier d’élevage à Poulainville verra bientôt le jour produisant jusqu’à 200 000 tonnes d’ingrédients par an. Plusieurs usines devraient sortir de terre : l’une suite à l’accord signé avec Ardents Mills, plus gros fabricant de farines multi-usages et de grains entiers d’Amérique du Nord, l’autre au Mexique avec le groupe agroalimentaire mexicain Corporativo Cosmos.

Selon les déclarations de Antoine Hubert dans Les Échos, près d’un milliard d’euros de contrats clients sont en négociation commerciale et environ 180 millions d’euros de contrats pluriannuels sont déjà signés. Il ajoute : « Nous démontrons que le développement industriel se passe bien, malgré tous les plâtres que nous avons essuyés ».