L’Administration nationale de la presse et des publications chinoises (NPPA), l’agence chargée de l’octroi des licences de jeux vidéo en Chine, a approuvé, le 22 juin, 89 nouveaux jeux vidéo. Depuis le début de l’année 2023, la NPPA a approuvé plus de 500 titres contre 466 pour l’ensemble de 2022, une confirmation de l’assouplissement de la posture de Pékin.

NetEase s’en sort mieux que Tencent en Chine

Le jeu vidéo est l’un des domaines qui a le plus souffert de la reprise en main du numérique par Pékin. Entre juillet 2021 et avril 2022, le gouvernement a, tout simplement, interdit la publication de nouveaux titres sur le plus grand marché du monde. Une loi pour limiter drastiquement le temps de jeu des mineurs, une heure par jour, trois jours par semaine, est également entrée en vigueur. Lorsque de nouvelles sorties ont enfin été approuvées par le pouvoir, cela a été avec parcimonie. Une première liste de 45 titres a été autorisée, mais sans aucune licence des deux géants locaux, Tencent et NetEase, plus visé que les autres. Ils ont dû patienter plusieurs mois supplémentaires, à l’image des jeux d’origine étrangère.

Les géants ont dû faire le dos rond face aux difficultés économiques induites durant cette longue attente. Entre avril et juin 2022, le chiffre d’affaires de Tencent a, par exemple, baissé de 3 % pour s’établir à 19,78 milliards de dollars. Il s’agissait d’une première depuis l’introduction en Bourse de l’entreprise en 2004.

Aujourd’hui, le leader du jeu vidéo a encore du mal à faire valider ses titres par la NPPA. Ce mois-ci, aucune sortie de l’éditeur n’a été autorisée. Son dauphin, NetEase, s’en sort mieux avec la validation de Yanyun Sixteen Sounds, un monde ouvert dans un univers médiéval.

Si tout n’est pas encore entré dans l’ordre pour les deux groupes, l’optimisme est de retour. Sur le premier trimestre 2023, les chiffres sont positifs notamment grâce à leur vente internationale. Tencent a enregistré une augmentation de 6% du chiffre d’affaires à 35,1 milliards de yuans (4,9 milliards de dollars). Quant à NetEase, le chiffre d’affaires total a augmenté de 6,3% pour atteindre 25 milliards de yuans (3,5 milliards de dollars).

Dans cette nouvelle liste de 89 nouveaux jeux vidéo approuvés, il n’y a aucun jeu vidéo étranger. Sur les six derniers mois, l’agence gouvernementale n’a autorisé que 27 licences étrangères. Pourtant, les studios non chinois avaient l’espoir de profiter du même assouplissement de la NPPA que leurs homologues locaux pour 2023. En décembre dernier, 45 titres étrangers ont été publiés dont Pokemon Unite de Nintendo ou Valorant de Riot Game. Il n’est pas simple d’obtenir le graal, la loi dispose que tous les jeux importés doivent être « localisés » avec l’aide d’une société chinoise d’après le South Morning China Post.

Ces restrictions sont dues en partie aux fortes tensions commerciales entre la Chine et les pays occidentaux. Si elles s’amplifient, les éditeurs mondiaux pourraient aller jusqu’à totalement perdre l’accès à un marché de 700 millions de joueurs, 730 millions d’ici 2027. Tant que ce scénario catastrophe n’est pas à l’ordre du jour, ils s’efforcent à montrer patte blanche.