Le nombre de véhicules électriques se multiplie sur le marché mondial de l’automobile. En 2022, plus de 7 millions de voitures électriques se sont écoulées. Chaque vente participe à la transition énergétique, néanmoins toutes les batteries qui composent les véhicules créent de nombreux déchets et consomment une grande quantité d’électricité lors des recharges. Lors du salon VivaTech à Paris, du 14 au 17 juin, de nombreux acteurs se penchent sur l’utilisation des batteries et leurs avenirs.
Le niveau de charge des batteries à la demande des clients
Au cours de l’hiver dernier, la France et de nombreux pays européens ont craint une coupure totale d’électricité. Les batteries des véhicules électriques, au lieu d’empirer le problème, pourraient en partie y parer en alimentant le réseau électrique lors de fortes tensions. Créée en 2018, Mobilize lance sa solution Vehicule to Grid (V2G). Cette innovation est une station de rechargement installée chez les particuliers qui permet de renvoyer l’électricité de la batterie d’un véhicule électrique vers le réseau.
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Illustration de la solution V2G. Image : Mobilize.
« Notre offre transforme une voiture en source d’énergie et d’économie » se targue Ziad Dagher, Manager Energy Solution chez la start-up de Renault. Il détaille « Grâce à la borne et au chargeur bidirectionnel, lorsqu’un client se branche à sa borne installée chez lui ou dans sa copropriété, il indique l’heure et le nombre de kilomètres dont il aura besoin lors de son prochain déplacement ». Une fois configuré, l’algorithme de la borne va interagir avec le réseau pour connaître le niveau de tension. Si la demande est forte, la borne renverra l’électricité en premier vers la maison du propriétaire puis vers le réseau global. Ziad Dagher affirme que cette solution permet de réduire de moitié la facture d’une recharge.
Actuellement en test, la technologie V2G sera déployée en premier lieu sur les nouvelles Renault 5 d’ici 2024, « Notre technologie nécessite seulement un changement de connecteur, les batteries restent les mêmes et sont toujours garanties 8 ans pour 160 000 kilomètres » développe le spécialiste. Mobilize garantit que sa technologie n’abîme pas plus rapidement les batteries utilisées.
Outre les chargeurs domestiques, les bornes libres-services pourraient aussi évoluer. Les utilisateurs de voitures électriques doivent très souvent recharger en ville ou dans des parkings. Problème, les bornes actuelles ne s’arrêtent pas lorsqu’une batterie atteint son maximum. Laborelec, une filiale de Engie, a développé un outil nommé Smatch pour répondre à ce besoin.
« Smatch est une brique technologique qui s’intègre dans l’offre mobilité d’Engie. Il s’agit de plusieurs algorithmes dédiés à l’optimisation des charges de véhicules tout en prenant compte des contraintes » a détaillé Frédéric China, responsable de produit systèmes de gestion de l’énergie chez Laborelec, à Siècle Digital. Lorsqu’un client branche sa voiture sur une borne, il indique le niveau de charge dont il aura besoin et l’algorithme fournira le montant demandé. Actuellement à l’essai à Rotherdam au Pays-Bas, Laborelec fait tourner plus de 3 500 bornes avec leurs algorithmes.
Améliorer la durée de vie des batteries et les réutiliser
Le cycle de vie des batteries des voitures électriques est également au centre du salon VivaTech. La durée de vie des batteries inquiète de nombreux spécialistes. Les cycles de rechargement sont limités et peuvent rapidement dégrader la qualité des cellules. Dans ce cadre, Accure, start-up allemande créée en 2020, a développé une plateforme baptisée Battery Intelligence. « Notre solution analyse les batteries lithium-ion [NDLR : batterie les plus utilisées aujourd’hui] et augmente leur durée de vie de plus de 25 % » affirme à Siècle Digital, Jasper Seitz-McIntyr, responsable clientèle à Accure.
L’entreprise récolte les données des batteries de leur client grâce au BMS. Cette carte électronique présente dans les batteries informe, en continu, sur la température, la tension ou encore le taux d’énergie restant. « Grâce à ces données, nous sommes capables d’améliorer la durée de vie, l’efficacité et la sécurité des batteries » a expliqué le responsable. L’algorithme va fournir des détails au client sur les anomalies comme la baisse de l’efficacité. Le client pourra ensuite mettre en maintenance sa batterie pour corriger les problèmes. Sans citer son client, Jasper Seitz-McIntyr a rapporté l’histoire d’une entreprise ayant 33 batteries prenant feu l’an dernier. Il affirme que leur algorithme aurait pu les sauver 1 mois avant et prolonger leur durée de vie.
« Les données que nous utilisons respectent les réglementations. Nous fournissons la solution à notre client par une API et nous ne pouvons pas les consulter derrière, » certifie le responsable. Leur solution, utilisée pour les bus électriques à Berlin, pourrait être portée vers les voitures électriques des particuliers.
Malgré une optimisation parfaite, une batterie finira toujours par être inutilisable par des véhicules électriques. BeePlanet Factory a décidé de se placer sur ce marché. L’entreprise récupère les batteries en fin de vie de ces partenaires comme Nissan et les transforme en accumulateur d’énergie. « Nos stockages d’énergie permettent de fournir de l’électricité sur des zones avec des panneaux photovoltaïques. Lorsqu’il n’y a plus de soleil au lieu de trouver de l’énergie sur des installations avec une forte consommation de CO2, les accumulateurs de BeePlanet prennent le relais », décrit David Casabona, ingénieur dans la start-up.
Basé en Espagne, BeePlanet délivre plus de 8 mégawattheures à Séville, Pampelune, Valence, Barcelone ou encore Saragosse. L’ingénieur se projette dans le futur « nous sommes en discussion avec d’autres pays comme la France, l’Italie ou encore l’Allemagne. D’ici quelques mois, nous espérons démarrer des projets pilotes à l’étranger. »