Souhaitant répondre à un besoin de commerces de proximité grandissant dans les zones péri-urbaines et rurales, David Gabai et Tom Hayat ont ouvert leur premier magasin autonome et connecté en 2020 sous forme de conteneur. Aujourd’hui, ils en comptent 35 en Île-de-France. L’objectif pour les années à venir : conserver leur position de leader sur le marché en France et déployer leur solution à d’autres régions.

Des conteneurs maritimes recyclés répondant à des besoins alimentaires “plaisir”

Lancée sous le nom de Storelift en 2018, la start-up française qui a levé 25 millions d’euros l’année dernière en série-A s’appelle désormais Boxy. Elle se base sur le même modèle économique qu’un supermarché classique. « On ouvre les points de vente, on distribue les produits et on réalise une marge sur les produits vendus » explique le cofondateur David Gabai dans une interview à Siècle Digital.

Difficile de passer à côté du conteneur maritime recyclé rouge installé par Boxy juste devant l’entrée principale de Viva Tech. En plus de se distinguer facilement, le conteneur est un choix stratégique pour les fondateurs. « Solidité, mobilité, le conteneur est un bout de légo qui est simple à déplacer. C’est un aspect extrêmement important pour nous de pouvoir déplacer le point de vente où l’on veut. Le deuxième avantage est la standardisation, on peut le recycler. Ça donne encore plus de sens au projet » détaille David Gabai.

Pour faire ses courses chez Boxy, il faut télécharger l’application, créer un compte client et renseigner un moyen de paiement. Le client peut ensuite pénétrer dans le magasin en scannant un QR code à l’entrée du conteneur. À l’intérieur, la technologie Boxy allie caméras, plus de 3 000 capteurs, des balances, et un programme d’intelligence artificielle maison pour détecter automatiquement les produits sélectionnés ou reposés en rayon par le client. « Tous nos rayons sont développés en système de capteur de poids et de caméras au plafond. La combinaison des deux nous permet de constituer des paniers pour automatiquement débiter les clients sans qu’ils aient besoin passer en caisse » se targue David Gabai.

Si le concept ressemble fortement à celui d’Amazon Go aux États-Unis, Boxy n’a pas pour ambition de concurrencer les supermarchés, mais de répondre à un besoin dans des zones éloignées d’un commerce alimentaire.

Différents profils de clients, dont les personnes âgées

Les conteneurs Boxy ouverts 24h sur 24 proposent 250 références, principalement des marques nationales. « On a une représentation assez forte de la catégorie des boissons. On est bien développé aussi sur le snacking et la restauration à emporter, les produits apéritifs, la confiserie et biscuits sucrés » appuie David Gabai.

Avec une solution entièrement digitalisée, Boxy cible principalement les jeunes de 18 à 25 ans, les jeunes actifs et parents de 26 à 50 ans. L’épicerie connectée s’avérerait utile pour dépanner une pause déjeuner de télétravail ou un repas de dernière minute pour les enfants. Étonnement, les seniors représentent environ 15 % de la clientèle. « Il y a eu, au temps du covid, une éducation aux applications, aux QR Code etc. Ce réflexe s’est développé rapidement dans toutes les populations dont les personnes âgées » analyse le cofondateur.

L'intérieur du conteneur de Boxy

Photographie : Justine Offredi / Siècle Digital.

Deux comportements d’achat se distinguent : les clients qui viennent plusieurs fois par semaine et d’autres occasionnellement. « Le panier moyen est de 6 à 7 euros. Nos clients viennent en moyenne 3 à 4 fois par mois et dépensent en moyenne 25 € par mois ».

Les défis et objectifs à venir pour Boxy

Malgré de multiples avantages, Boxy rencontre deux défis principaux : la digitalisation et l’emplacement. « Le déploiement demande une certaine technicité. La maintenance du magasin est très importante. La moindre panne peut créer une insatisfaction auprès du client qui s’est déplacé ». Il ajoute : « Trouver le bon emplacement est un challenge. Parking, terrain vague, parvis de gare ou d’école. Il faut répondre aux critères commerciaux traditionnels : le flux, la sociologie, le nombre d’habitants, l’accessibilité en voiture, la visibilité du point de vente… ».

Pour étendre la solution à davantage de personnes, Boxy annonce sur VivaTech le lancement du paiement par carte bleu en borne, en dehors du magasin, sur un premier conteneur test cet été, avec déploiement prévu en fin d’année. Cela permettra d’une part de donner accès à la solution aux personnes réfractaires à l’installation de l’application et de toucher une cible plus volatile, de passage.

David Gabai confie que l’objectif de chiffre d’affaires par point de vente Boxy démarre à 100 000 euros par an. Avec une croissance raisonnée, concentrée sur la rentabilité, les fondateurs réfléchissent à de nouvelles zones d’implantation telles que les Hauts-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes. L’ambition pour les années à venir est donc de continuer le déploiement des magasins et pourquoi pas en vendant ou louant la technologie à des distributeurs.