Fondé en 2018 par David Gabai et Tom Hayat, Storelift vient de sortir de terre ses deux premiers magasins « de proximité, connectés, et autonomes » comme le définit David Gabai. La start-up française avait levé 5 millions d’euros fin juin, à l’occasion d’un tour de table mené par Cap Horn et LocalGlobe..

Les magasins sont lancés sous le nom d’enseigne Boxy, et ont été pensés pour fonctionner de façon entièrement automatisée en terme de parcours client, notamment grâce à du machine learning. Après avoir téléchargé l’application sur son téléphone, et scanné le QR Code, la porte d’entrée vitrée du conteneur est déverrouillée et s’ouvre aux clients.

Storelift a injecté du machine learning pour automatiser le parcours client dans ses magasins

Lorsqu’il en franchit les portes, une nouvelle session d’achats est ouverte sur l’application. Ce sont ensuite les caméras et capteurs répartis dans tout le magasin qui vont s’occuper de détecter les produits pris et/ou reposés par le client dans les rayons. Storelift a développé ses propres algorithmes pendant 18 mois. « Le tracking des capteurs de poids associé à la reconnaissance des caméras, on va pouvoir créer des paniers virtuels. Le client est complètement aveugle à cette couche technologie. En sortant du magasin, il reçoit son ticket de caisse 1 à 2 minutes après et sera débité automatiquement, » expliquait David Gabai dans une interview pour Frenchweb.

Une prise de courant, c’est le seul prérequis pour l’installation et le lancement de ces magasins-conteneurs, déposés par grue et prêts à l’emploi instantanément.

Les deux premiers magasins ont ouvert leurs portes sur le port de Genevilliers et au parc Icade de Rungis. Un concept que le directeur du port de Genevilliers a largement plébiscité, soulignant qu’il était « particulièrement adapté à notre environnement industriel ». Comprendre : pour les salariés du port travaillant en horaires décalés qui ne pourraient pas se ravitailler en dehors des horaires d’ouverture des enseignes traditionnelles. « Juste à côté il y a les moulins de Gennevilliers, qui fonctionnent en trois huit. Depuis l’ouverture on voit des salariés qui viennent au milieu de la nuit prendre de quoi se cuisiner un plat » analyse le cofondateur de Storelift.

Les rayons de Storelift

Image : Storelift

Un parallèle avec Amazon Go, mais un positionnement plus rural

Le positionnement de la start-up française n’est évidemment pas sans rappeler celui d’Amazon Go. La firme de Jeff Bezos avait fait grand bruit lors de l’ouverture de son premier supermarché sans caisse à Seattle, en janvier 2018. Depuis, ce sont 25 autres enseignes qui ont vu le jour. Et Amazon ne compte pas en rester là. Après avoir décidé de commercialiser sa technologie « Just Walk Out by Amazon », le géant américain avait trouvé son premier acheteur un peu plus tôt cette année, au mois de mars.

À la différence d’Amazon, Storelift s’est toutefois positionné comme un acteur présent dans les zones rurales. Dans ces zones parfois moins bien desservies, les charges fixes associées à l’ouverture d’un supermarché traditionnel rebutent à la fois les acteurs du marchés et les pouvoirs locaux. Storelift est une réponse bien adaptée. « On a un magasin dont les charges d’exploitation au m2 sont plus faibles qu’une épicerie traditionnelle, avec une amplitude d’ouverture maximale. La plus petite ville avec laquelle on discute, c’est 1 300 habitants, dans l’Essonne, où il n’y a aucun commerce ni même de locaux commerciaux, » dit encore le cofondateur de Storelift. « Dans ces cas-là, le conteneur, c’est parfait. Profitons de ces économies dans la chaîne de valeur pour faire rentrer le magasin dans toutes les zones qui en manquent ».

Les produits alimentaires mis en rayon, essentiellement biologiques, sont commandés auprès d’un grossiste, puis préparés et expédiés d’un entrepôt Storelift aux unités Boxy. La start-up annonce également son intention d’utiliser ses technologies pour optimiser la sélection de produits : « Nous savons quels sont les produits que vous touchez et si c’est trop cher », déclare l’autre cofondateur Tom Hayat. « À partir de là, nous pouvons optimiser le réapprovisionnement, l’assortiment et les campagnes de promotion en un clic. Nous disposons de la granularité des données du e-commerce électronique, ce qui nous permet d’améliorer l’offre chaque jour. Nous savons quels sont les produits qui fonctionnent et ceux qui ne fonctionnent pas ».

Storelift précise en revanche qu’elle n’utilise pas la technologie reconnaissance faciale. L’entreprise ne collecte pas officiellement de données personnelles via sa vision par ordinateur car les données ne sont pas associées à un client spécifique. Quant aux règles du RGPD, les données sont recueillies et analysées localement, ce qui permet à la start-up de contrôler leur utilisation pour s’assurer qu’elle n’enfreint pas les règles de confidentialité.

Storelift compte déjà 24 employés, de 7 différentes nationalités. Les 5 millions levés en juin seront investis pour l’ouverture d’autres conteneurs Boxy dans des zones rurales.