Pour continuer sa guerre d’invasion en Ukraine, Moscou a besoin de semi-conducteurs pour équiper ses armes les plus perfectionnées. Bien qu’elle en ait été immédiatement et officiellement privée par les pays occidentaux dès le début du conflit, la Russie parvient encore à en acquérir en passant par Hong Kong et la Chine continentale.
740 millions de dollars de semi-conducteurs américains sont arrivés en Russie en 2022
Les semi-conducteurs sont connus pour être une technologie à double emploi, civile et militaire. Ils sont utilisés pour fabriquer les systèmes de guidage, des radars, des outils de vision nocturne… Dès le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022 les États-Unis et autres pays occidentaux ont suspendu leurs exportations de composants vers la Russie à de rares exceptions près.
Inscrivez-vous à la newsletter
En vous inscrivant vous acceptez notre politique de protection des données personnelles.
Pris au dépourvu par la résistance ukrainienne, le renouvellement des stocks d’armements russes est devenu une obligation. Elle passe par l’obtention de semi-conducteurs. Si le pays a pu passer par la Chine pour se fournir, il a besoin de composants perfectionnés d’entreprises américaines et autres comme l’a montré une liste d’achat révélée début septembre.
D’après une enquête du quotidien japonais Nikkei Asia, Moscou aurait trouvé une solution, toujours via la Chine. Sur la base de données douanières russes, obtenues par le biais d’une société indienne, le média a comptabilisé 3 292 transactions entre le 24 février et le 31 décembre 2022. Aucune n’est inférieure à 100 000 dollars.
Sur ce total 70 %, l’équivalent de 740 millions de dollars viendrait d’entreprises américaines telles que Intel, Advanced Micro Devices (AMD), Texas Instrument… Autant de sociétés figurant sur la liste d’achat précédemment évoquée.
La Chine, un ami précieux
Les trois quarts de ces semi-conducteurs ont transité par la Chine continentale ou Hong Kong. Un certain nombre passe par des petits revendeurs, parfois des structures individuelles, créées après le début du conflit.
Contactées par Nikkei Asia, plusieurs entreprises américaines réfutent fermement vendre leurs produits à des pays sous sanctions. Le suivi des commandes a toutefois ses lacunes. Les ventes sont généralement sous-traitées à des tiers chargés de s’assurer de l’usage légal des semi-conducteurs. Or, en période d’abondance, la nécessité d’écouler les stocks peut expliquer les failles.
La Chine n’ayant pas explicitement condamné l’invasion de l’Ukraine par son allié russe, elle n’a pas a fortiori rejoint les sanctions occidentales. L’Empire du Milieu est devenu une plaque tournante idéale pour Moscou, car peu regardant.