Selon les travaux du centre national de la musique (CNM) publiés le 16 janvier 2023, entre 1 % et 3 % des écoutes sur les plateformes de streaming sont fausses. Les entreprises leaders pour la diffusion de musiques ainsi que les distributeurs ont, pour la plupart, joué le jeu et ont aidé le CNM à analyser ce phénomène.

Première étude au monde menée pour analyser les fake streams

Le CNM s’est lancé sur cette étude inédite sur le streaming musical sur demande de Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la Culture. D’après le rapport que s’est procuré franceinfo, entre un et trois milliards d’écoutes au minimum seraient faux. Ces écoutes ont été artificiellement ajoutées par une personne physique ou par un robot afin de faire gonfler les statistiques de certaines musiques.

Pour certains artistes, avoir un grand nombre d’écoutes permet d’accroître leur visibilité. C’est ce qui s’appelle la fake influence. Avec un nombre d’écoutes plus conséquent, les auditeurs sont plus intéressés et enclins à consulter un titre plutôt qu’un autre. Le phénomène existe également sur YouTube, Twitch, ou plus largement sur les réseaux sociaux. Le but est toujours de mettre en avant ses contenus par rapport à d’autres. Avec plus de vues, les artistes et créateurs de contenus génèrent automatiquement plus de revenus. Il est important de préciser que cette pratique n’est autorisée par aucune de ces plateformes.

Dans un communiqué, le président du CNM, Jean-Philippe Thiellay, précise qu’il est « certain que la réalité des faux streams dépasse ce qui est détecté, sans qu’il soit pour autant possible de parvenir à un chiffrage précis, puisqu’ils n’entrent pas dans le champ de la détection ». Des propos qui rappellent que les chiffres dévoilés pourraient représenter une estimation basse.

Le rap en tête des styles de musique subissant le phénomène des fausses écoutes

Dans le cadre de cette étude, Spotify, Deezer et Qobuz ont fourni des chiffres très précis. Malgré leur collaboration, le président du CNM déplore le fait « que des acteurs comme Amazon Music, Apple Music et YouTube n’aient pu ou souhaité partager leurs données suivant le périmètre d’observation défini, malgré toutes les garanties de confidentialité ».

Parmi toutes les fake streams recensés, le rap est en tête des styles de musique qui subissent le plus de fausses écoutes, suivies par les musiques de relaxation. 85 % des fausses écoutes sur Spotify et 27 % sur Deezer sont réalisées sur des musiques de rap. Jean-Philippe Thielley ajoute que « rapportés au nombre total d’écoutes de titres hip-hop/rap, ces streams frauduleux ne représentent qu’un très faible pourcentage, 0,4 % sur Spotify et 0,7 % sur Deezer ».

Malheureusement, à l’heure actuelle, les personnes à l’origine de ces fausses écoutes ne sont que très rarement identifiées. Certains artistes n’ont pas hésité à préciser avoir été démarchés par des prestataires leur proposant d’augmenter artificiellement leur nombre d’écoutes. À l’avenir, le CNM aimerait mettre en place une « charte interprofessionnelle de prévention et de lutte contre la manipulation des écoutes en ligne » pour éviter ces dérives.