Cela ressemble à une excellente nouvelle pour le climat. Le Gouvernement indien a approuvé un plan historique de 197 milliards de roupies (2,2 milliards d’euros), visant à faire de l’Inde un hub international de l’hydrogène vert. Le National Hydrogen Mission fixe un objectif de 5 millions de tonnes produites à la fin de la décennie. L’Inde, troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre, vient de franchir un pas vers son objectif de neutralité carbone à l’horizon 2070. La Chine projette d’atteindre ce cap en 2060, et les États-Unis en 2050.

Le mix énergétique indien en passe de devenir plus vert

Le mix énergétique indien repose en grande partie sur le charbon. Face aux impératifs climatiques, le gouvernement de Narendra Modi veut réduire la part des énergies fossiles, par un accroissement de la production et de l’approvisionnement en énergie renouvelable. L’énergie solaire, qu’elle tente de développer massivement, ne suffira pas.

L’Inde se tourne donc vers l’hydrogène vert, une source d’énergie obtenue par électrolyse en utilisant de l’électricité renouvelable pour séparer l’eau en hydrogène et en oxygène. Contrairement à l’hydrogène vert et bleu, l’hydrogène vert n’implique aucune énergie fossile dans son processus de fabrication.

La transition énergétique, un pari audacieux mais nécessaire

Le 2 octobre 2016, jour de l’anniversaire de Gandhi, l’Inde ratifiait l’Accord de Paris. Cette décision constituait un symbole fort, pour un pays si dépendant au charbon. Le National Hydrogen Mission est un moment important dans la course à la neutralité carbone. En investissant dans l’hydrogène vert, l’Inde veut ainsi accroître de 125 gigawatts sa production d’énergie renouvelable d’ici 2030. En octobre 2022, l’Inde disposait d’une capacité d’énergie renouvelable d’environ 166 gigawatts
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Les motivations économiques du gouvernement indien

Au-delà des motivations écologiques, il est évident que le gouvernement souhaite générer une nouvelle source de croissance. Une partie des investissements publics et privés sera destinée à former et créer des emplois, dans un secteur encore naissant. Le projet permettra aussi de « rendre l’hydrogène vert abordable et de faire baisser son coût au cours des cinq prochaines années » a déclaré Anurag Thakur, ministre indien de l’Information et de la Radiodiffusion.

Quand la géopolitique s’en mêle

L’Inde est une puissance régionale en ébullition, cherchant à faire sa place sur la scène internationale. Pour cela, le pays ambitionne de réduire sa dépendance aux importations étrangères de ressources énergétiques, principalement chinoises et américaines. En 2019, l’Inde occupait la seconde place dans le classement des pays importateurs de pétrole et de charbon. Le National Hydrogen Mission permettra d’économiser un trillion de roupies sur les importations de combustibles fossiles d’ici 2030. Tout un programme.