Les mesures américaines contre l’exportation de puces en Chine commencent à produire leurs effets. Le 24 octobre, l’Administration générale des douanes de l’Empire du Milieu a confirmé une baisse considérable de l’importation de circuits intégrés au cours des neuf derniers mois. Parallèlement, les entreprises de puces en subissent les dommages collatéraux. Le cas du fabricant sud-coréen de mémoires SK Hynix en dit long sur ce préjudice.

Les États-Unis mènent leur guerre au détriment des producteurs de puces

À défaut de commandes, le spécialiste des puces mémoires SK Hynix vient d’annoncer une réduction de plus de 50 % de son budget d’investissements pour 2023. Une décision difficile qu’elle a dû prendre en raison d’une baisse de la demande de produits électroniques. La crainte plane d’un retour d’une crise digne de 2008 chez les acteurs.

La société sud-coréenne accuse une diminution de 60 % de ses gains au troisième trimestre à cause « d’une inflation plus élevée et d’une croissance mondiale atone », souligne le Financial Times. Les autres raisons avancées par SK Hynix se rapportent à une baisse du bénéfice d’exploitation et aux mesures drastiques des États-Unis visant à limiter les exportations de puces vers la Chine. Les contrôles opérés par les États-Unis sont loin d’arranger la situation de SK Hynix, précise son président Noh Jong-won.

« Récemment, de nombreuses questions géopolitiques affectent nos décisions commerciales et les restrictions qui en découlent nous sont pénibles », a-t-il ajouté.

Marché en berne, à quand la reprise ?

La guerre technologique entre les deux premières puissances économiques mondiales aurait limité le champ d’action du fabricant de puces mémoires dans tout le territoire chinois. Son plan de modernisation de l’usine de Wuxi est quasi réduit à néant après la volte-face de Washington. Alors que ce site produit la moitié des puces DRam de SH Hynix, des composants essentiels pour les serveurs et les smartphones. En cas d’échec du programme, l’usine sera vendue ou délocalisée en Corée du Sud.

Comme la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), SK Hynix a obtenu une dérogation qui l’autoriserait à introduire de nouveaux équipements dans ses usines basées en Chine pendant un an. L’entreprise reconnaît néanmoins des difficultés liées au caractère limité de cette prolongation , et l’impossibilité d’acheminer des machines EUV, les outils parmi les plus avancés pour fabriquer des puces, à Wuxi.

SK Hynix n’est pas le premier fabricant de puces à réduire ses investissements. D’autres entreprises comme Micron Technology et TSMC ont déjà pris de telles décisions compte tenu de l’effondrement des ventes des smartphones au niveau mondial (-9 % sur un an). Plusieurs observateurs ne s’attendent pas à ce que les conditions du marché s’améliorent avant le troisième trimestre de 2023.