Le tribunal d’appel du Royaume-Uni a sommé la Competition and Markets (CMA), l’agence britannique supervisant la concurrence et les marchés, de revoir sa décision concernant le rachat de Giphy par Meta. C’est ce que révèle le média américain Bloomberg, dans un article publié le 18 juillet. Le régulateur antitrust britannique ordonnait au géant des réseaux sociaux de revendre l’entreprise spécialiste des GIFs, estimant que leur fusion pourrait entraîner des pratiques anticoncurrentielles.

Une acquisition qui traîne en longueur

En mai 2020, Meta, anciennement Facebook, rachetait Giphy pour 315 millions de dollars. Très vite, la CMA s’est emparée de l’affaire, indiquant que l’acquisition de la plateforme de partage d’images animées pouvait limiter son usage par ses concurrents. En novembre de la même année, l’autorité britannique contraignait l’entreprise californienne à revendre Giphy.

Si Meta a fait appel de la décision, la justice britannique a donné raison au régulateur sur cinq des six procédures engagées par ce dernier. Le tribunal d’appel a jugé que la CMA n’avait pas correctement informé Meta de l’acquisition de Gfycat par Snapchat. Ce rachat « caché » d’une entreprise rivale de Giphy par un concurrent tel que Snapchat aurait sapé la défense de l’entreprise. La CMA a déclaré à Bloomberg « avoir accepté de reconsidérer notre décision à la lumière de cette constatation ».

En juin 2022, lors de la dernière décision du tribunal, Christopher Sgro, porte-parole de Meta, expliquait que « la décision d’aujourd’hui a conclu que l’approche de la CMA à son enquête était “difficile à défendre” et “sape l’ensemble de la décision”. Nous sommes impatients de comprendre comment ces graves défauts de processus seront traités ».

Le rachat de Giphy interroge

L’acquisition de Giphy par Meta intimide. En novembre 2021, la CMA précisait que « Meta serait en mesure d’accroître son pouvoir de marché déjà important par rapport aux autres réseaux sociaux en refusant ou limitant l’accès des autres plateformes aux GIF de Giphy ».

Les autorités britanniques craignent pour le secteur publicitaire. Les entreprises peuvent être amenées à se servir de GIF pour promouvoir leurs produits, leurs services ou leurs marques et Giphy est l’une des plateformes de partage les plus populaires. D’après Statista, la publicité numérique représente 66 % des dépenses publicitaires totales au Royaume-Uni, avec Meta et Google se partageant la majorité du marché.

Avec la nouvelle décision du tribunal d’appel britannique, Meta a une nouvelle chance de faire valoir sa légitimité dans le rachat de Giphy. Le porte-parole du mastodonte soulignait que « [l’entreprise] croit fermement que notre investissement améliorerait le produit de GIPHY pour les millions de personnes, d’entreprises et de partenaires qui l’utilisent ». La CMA prévoit d’étudier une nouvelle fois l’acquisition de Giphy par Meta et de rendre sa décision d’ici trois mois.