Le gouvernement britannique a annoncé le 26 mai examiner l’augmentation du capital d’Altice, propriétaire de SFR, au sein de British Telecom Plc (BT), le géant de la télécommunication anglo-saxon. L’objectif de cette enquête est de s’assurer que cet accord commercial ne menace pas la sécurité nationale du Royaume-Uni.

Les régulateurs britanniques enquêtent

En décembre dernier, Patrick Drahi, président fondateur d’Altice, a révélé son intention d’acquérir plus de parts de BT. La maison mère de SFR avait déjà obtenu 12,1 % de son capital en juin 2021, faisant d’elle le premier actionnaire de BT. Si l’accord est validé par le gouvernement britannique, ses parts s’élèveront alors à 18 %.

Afin d’étudier en profondeur l’impact de cette entente commerciale sur la sécurité nationale du pays, le gouvernement britannique a fait appel au National Security and Investment Act. Votée au début de l’année, cette loi donne le pouvoir aux autorités anglo-saxonnes d’intervenir envers les transactions commerciales susceptibles de menacer l’intégrité du territoire.

L’opérateur de télécommunication britannique, BT, a indiqué qu’une procédure contre Altice a été ouverte par Kwasi Kwarteng, le secrétaire d’État aux affaires économiques, à l’énergie et à la stratégie industrielle du Royaume-Uni. Le groupe ajoute qu’il « coopérera pleinement à cet examen ».

Altice n’est pas la seule cible du gouvernement britannique. Kwasi Kwarteng a déclaré sur Twitter le lancement d’une procédure similaire envers le rachat, survenu en juillet 2021, de l’entreprise galloise de semi-conducteurs Newport Wafer Fab par le groupe chinois Wingtech.

Le Royaume-Uni craint pour sa souveraineté technologique

Le Royaume-Uni est en proie à des craintes pour sa « souveraineté technologique ». Au cours de ces dernières années, le pays a autorisé le rachat de certains géants des technologies par des acquéreurs étrangers. En 2016, le Japonais SoftBank s’était offert le concepteur de puces électroniques ARM, basé à Cambridge, pour 31,4 milliards de dollars. Deux ans auparavant, c’était le géant Google qui rachetait le laboratoire Deep Mind, spécialisé dans l’intelligence artificielle, pour 600 millions de dollars.

D’après Les Échos, Patrick Drahi a assuré ne pas vouloir lancer une offre publique d’achat (OPA) sur BT. Il lui faudrait obtenir les 12 % de parts de Deutsche Telekom, le second actionnaire, pour obtenir 30 % des actions et être obligé à déclencher une OPA.

Les régulateurs se méfient de la situation. Le marché britannique interdit le lancement d’une offre sur une période de six mois après la dernière hausse de capital. Si l’accord commercial établi en décembre est validé, Altice pourrait tenter une OPA sur BT d’ici la moitié du mois de juin.