Un récent rapport de l’ONG irlandaise ICCL (Irish Council for Civil Liberties) fait état de l’étendue du partage de données effectué en temps réel dans le cadre de la publicité programmatique. Un marché gigantesque estimé à 117 milliards d’euros en 2021 en États-Unis et en Europe.

Les données d’un américain sont partagées 747 fois par jour

Des chiffres qui donnent le tournis. Dans le rapport de l’ONG, il est notamment question du « RTB » (pour real time bidding), une technique utilisée pour suivre vos habitudes en ligne. Les marques achètent des données, notamment auprès de Google, pour établir des profils précis et pousser les bonnes publicités aux bonnes personnes. Par le biais d’une source confidentielle, l’ICCL a pu avoir accès à des chiffres délirants. Chaque minute, sans le savoir, nous livrons des informations précieuses à des entreprises qui s’en servent pour tenter de nous vendre leurs produits et services.

Dans le rapport, il est par exemple expliqué que le comportement en ligne d’un français est partagé 340 fois par jour en moyenne, soit plus de quatre fois par minute. C’est énorme, mais c’est moins que la moyenne européenne : 376 fois. Encore en-dessous de la moyenne aux États-Unis : 747 fois. Cette différence s’explique probablement par la mise en place du RGPD (règlement général sur la protection des données) qui limite dans une certaine mesure cette pratique. Ce dernier oblige les éditeurs à recueillir votre consentement avant de siphonner vos données.

La lenteur de la CNIL irlandaise agace l’ONG

Selon l’ICCL, 197 milliards de partages liés à la publicité programmatique sont effectués en Europe chaque jour et 294 milliards aux Etats-Unis. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il s’agit pourtant d’une fourchette basse. En effet, l’ONG n’a pas eu accès aux données de Facebook ni à celles d’Amazon. Deux grands spécialistes du RTB. Google effectue à lui seul 42 milliards de partages chaque jour à plus d’un millier d’entreprises tierces. Parmi ces entreprises, il y a celles qui nous poussent des publicités et il y celles qui ont leur siège en Chine ou en Russie, qui siphonnent nos données avec des objectifs moins évidents.

Certaines de nos données peuvent par exemple finir entre les mains d’agences fédérales ou des services de renseignement. En publiant ce rapport, l’ICCL appelle les gouvernements mondiaux à prendre des décisions fermes afin de faire cesser ce qu’elle nomme « la plus grande des fuites de données ». Plusieurs plaintes sont en cours, notamment contre la DPC (la CNIL irlandaise). Selon l’ONG, l’institution devrait sérieusement s’attaquer à Google, dont le siège européen est à Dublin, mais elle ne le fait pas.