La Turquie a peu goûté la façon dont Meta lie les données utilisateurs d’Instagram avec celle de son réseau social Threads. Sous la pression des autorités, Meta a annoncé ce 15 avril devoir suspendre son jeune réseau social dans le pays. L’entreprise est une habituée de ce genre de polémique.

Les autorités turques dénoncent le lien entre Threads et Instagram

En décembre, l’autorité de la concurrence turque a annoncé l’ouverture d’une enquête sur la manière dont Meta a relié Threads à Instagram. Elle a relevé plusieurs manquements de la part du géant des réseaux sociaux, le forçant à prendre une décision radicale. « Pour nous conformer à une ordonnance provisoire de l’Autorité turque de la concurrence, nous fermerons Threads en Turquie à partir du lundi 29 avril » détaille Meta dans un billet de blog. « Nous ne sommes pas d’accord avec l’ordonnance provisoire, nous pensons être en conformité avec toutes les exigences légales turques et nous ferons appel », poursuit le groupe.

Threads a été lancée l’été dernier, en grande partie pour tirer parti de l’exode des utilisateurs de Twitter à la suite du rachat par Elon Musk. Depuis, Meta fait l’objet de nombreuses critiques sur la façon dont les utilisateurs sont obligés de passer par Instagram pour obtenir un profil Threads.

Une pratique qui lui a déjà valu des remontrances au sein de l’Union européenne (UE), où le lancement du réseau social a été repoussé de plusieurs mois. Meta a finalement décidé d’introduire une fonction permettant d’accéder à la plateforme sans profil au sein de l’UE.

Meta, habituée des remontrances liées aux données personnelles

Ce n’est pas la première fois que l’entreprise est ciblée par les autorités turques. En 2022, le pays a imposé une amende de 18,6 millions de dollars à Meta pour avoir combiné les données des utilisateurs de Facebook, Instagram et WhatsApp.

L’autorité de la concurrence a été plus loin en janvier, car elle estimait que la notification envoyée par Meta à ses utilisateurs concernant ses pratiques de partage de données était insuffisante et manquait de transparence. Elle a décidé d’infliger une sanction supplémentaire de 160 000 dollars par jour à la firme de Mark Zuckerberg pour non-respect de l’ordonnance précédente.

Même son de cloche dans l’UE, où Meta a écopé d’importantes amendes pour non-respect du Règlement européen sur la protection des données (RGPD). En 2021, la Data Protection Commission lui a infligé une amende de 225 millions d’euros pour le partage illégal des données personnelles des utilisateurs entre Facebook et WhatsApp.

L’année dernière, l’organisme a frappé encore plus fort avec une amende de 1,2 milliard de dollars à l’encontre de Meta, accusée d’avoir transféré les données d’utilisateurs européens de Facebook vers des serveurs situés aux États-Unis.

En Turquie, l’entreprise assure que la suspension de Threads est « temporaire », le temps de s’accorder avec l’autorité de la concurrence.