Les clients d’AWS peuvent se réjouir. Amazon a annoncé le 23 novembre la possibilité de créer des VPC (Virtual Private Cloud) exclusivement en IPv6 avec des instances EC2. Cette nouvelle représente un grand pas vers la démocratisation de la norme IPv6 et de son utilisation dans les clouds. Un pas important, alors que les adresses IPv4 s’épuisent depuis plusieurs années.

L’utilisation d’instances EC2 et du système Nitro obligatoire

Un Virtual Private Cloud est un groupe de ressources dans un cloud public, mais qui peut être isolé, et donc être accessible à certains utilisateurs uniquement. Avec AWS, il est aujourd’hui possible de créer un sous-réseau uniquement en IPv6. Quelques restrictions existent encore, comme l’obligation d’utiliser des instances EC2. Une instance EC2 désigne un serveur virtuel, hébergé dans Elastic Compute Cloud, un service d’exécution de programmes. Ces instances, utilisées dans des sous-réseaux IPv6, doivent se baser uniquement sur Nitro, un système à l’architecture plus performante et plus sécurisée, qui réduit notamment les temps de latence.

AWS a également rendu son IMDS (service local de métadonnées d’instance), Time Sync Service, et le serveur DNS Amazon VPC, compatibles avec l’adressage en IPv6, pour permettre aux utilisateurs de « migrer vers un environnement IPv6 uniquement sur AWS ».

« Les sous-réseaux exclusivement IPv6 et les instances EC2 sont disponibles dans toutes les régions commerciales sans frais supplémentaires », explique Amazon Web Services dans un article sur son site. L’utilisation de l’IPv6 dans le cloud est très attendue, notamment en raison d’une pénurie d’IPv4, et malgré une utilisation et une application difficile.

« Un pas en avant monumental » pour AWS, en pleine pénurie d’IPv4

Pour Rohit Aswani, architecte de solutions chez AWS et le chef de produit senior Aditya Santhanam, il s’agit d’un « pas en avant monumental ». « Cette capacité est idéale si vous avez des charges de travail, telles que des applications sans serveur et des conteneurs, qui consomment un grand nombre d’adresses IP », expliquent-ils.

L’Internet Protocol version 6, permet de répondre à une problématique, celle de l’épuisement des adresses IPv4. Ces dernières sont codées en 32 bits et écrites sous forme décimale, alors que les IPv6 se codent en 128 bits, et sont écrites en hexadécimale. Il devient donc possible, avec l’IPv6, de générer beaucoup plus d’adresses IP uniques. « En attribuant un adressage /64 IPv6 CIDR au sous-réseau, il est possible d’héberger environ 18 quintillions d’adresses IP pour les applications », explique AWS.

Avec cette nouveauté, Amazon prend une longueur d’avance sur ses concurrents directs, Microsoft et Google. Ils proposent bien des réseaux virtuels « dual stack », mais pas encore avec de l’IPv6. Cependant, alors que la généralisation de l’IPv6 devient de plus en plus urgente, les bienfaits de cette fonctionnalité ne devraient pas toucher qu’Amazon. L’adoption de cette norme par l’un des leaders du marché du cloud va probablement accélérer son développement et inciter les développeurs à adapter les applications. De même, les conflits d’adresses IP, comme la connexion par un VPN de deux réseaux locaux qui utilisent la même plage d’adresses IPv4, devraient disparaître.