L’Administration chinoise sur la cybersécurité, la Commission nationale du développement et de la réforme ainsi que le ministère de l’industrie et de l’information chinois ont publié le 12 juillet un plan ambitieux pour pousser le déploiement de l’IPv6. Selon le South China Morning Post, les fournisseurs d’accès internet locaux ne sont pas spécialement impatients de mener à bien cette transition.

La transition vers l’IPv6, « un enjeu majeur de compétitivité et d’innovation »

Les adresses IP servent de carte d’identité aux appareils connectés sur internet. Problème, depuis de nombreuses années l’adresse IP utilisée depuis 1983, l’IPv4, est en situation de pénurie. La plupart des 4,3 milliards de combinaisons d’adresses IPv4 ont été utilisées avec la multiplication des appareils connectés.

Cette situation a été anticipée dès la fin des années 90 avec la création d’une nouvelle version, l’IPv6 (IPv5 était déjà pris). Proposant une quasi-infinité de combinaison, l’IPv6 promet plus de sécurité, et un routage optimisé. Mais cette transition n’est pas si facile à mettre en œuvre et l’IPv6 peine à être adoptée. En France, chaque année, l’Arcep regrette la lenteur de son déploiement. En juin 2021, le déploiement par nombre d’internautes de l’IPv6 (pdf) serait de 44,37%, se classant à la 8e place mondiale, la Chine serait 42e avec un déploiement estimé à 13,77%.

Pour la Chine le développement de l’IPv6 est une « tendance inévitable dans la mise à niveau de l’internet, d’une direction clé de l’innovation technologique dans le cyberespace et d’une infrastructure de soutien essentielle pour un pays puissant dans le cyberespace ». Un avis partagé par l’Arcep qui estime dans son rapport de 2020 que « la transition vers un nouveau protocole de communication sur internet apparaît comme un enjeu majeur de compétitivité et d’innovation ».

La Chine espère que l’IPv4 ne sera plus utilisé d’ici les années 2030

Le pays veut se tenir prêt à l’ère de l’internet des objets (IoT) et encourage de nombreux secteurs à engager la transition : entreprises d’État, industrie financière, applications industrielles, réseaux éducatifs, systèmes de soins de santé, les transports, communications, médias.

Selon l’avis publié mi-juillet, la Chine prévoit, dès 2023, 700 millions d’utilisateurs actifs d’IPv6 et 200 millions d’objets connectés utilisant ce protocole. Les routeurs sans fil domestique devront prendre en charge l’IPv6 par défaut et les nouveaux réseaux ne pourront plus utiliser l’IPv4, ils seront donc en « single stack ».

En 2025 les chiffres devraient atteindre 800 millions d’utilisateurs actifs et 400 millions de dispositifs IoT. 70% du trafic mobile passera par l’IPv6 et tous les sites gouvernementaux devront l’utiliser. 95% des sites web commerciaux et des applications internet mobiles devront offrir un support IPv6.

L’engagement de l’Empire du Milieu est de parvenir en 2030 à achever le déploiement de l’IPv6 en « single stack ». Une ambition immense, qui semble inédite dans le monde dans un délai aussi court. D’après The Register un plan d’action appelant au déploiement de l’IPv6 a été publié par la Chine en 2017, pour jauger l’efficacité du nouvel avis publié par la Chine il faudra attendre 2023.

En parallèle, Huawei, soutenu par différents ministères chinois a dévoilé un nouveau protocole internet sobrement baptisé « new IP ». Ce protocole qui doit être mis au banc d’essai cette année, pourrait menacer l’hégémonie américaine sur Internet.