Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique Cédric O, et le ministre délégué chargé des PME, Alain Griset, ont annoncé le déréférencement de Wish des moteurs de recherche en France. Ils ordonnent cela pour cause de « concurrence déloyale », et après une enquête de la répression des fraudes.

Dans un communiqué (pdf), publié mercredi 24 novembre, les hommes d’État « ordonnent aux principaux gestionnaires de moteurs de recherche et magasins d’applications mobiles de déréférencer le site de ecommerce Wish » ainsi que son application sur mobile. Cette décision des ministres vise aussi « à mettre fin aux manquements de Wish quant aux obligations de sécurité des produits qu’il vend ».

Wish sous le coup d’une enquête de la DGCCRF

À l’origine de cette décision se trouve une enquête ouverte en septembre 2020 par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Elle portait sur la dangerosité et la sécurité des produits vendus, mais aussi sur les pratiques commerciales de Wish.

En tout, 9 000 annonces ont été étudiées, 140 produits vendus sur la plateforme ont été analysés, et les conclusions ne sont pas en faveur de l’entreprise américaine. « L’enquête a permis de révéler la mise en vente d’un grand nombre de produits non conformes et dangereux, avec des taux de dangerosité particulièrement élevés pour certaines familles de produits », est-il expliqué dans le communiqué du ministère de l’Économie. Parmi les familles de produits pointées du doigt, se trouvent les jouets, dont 95% seraient non conformes, et 45% dangereux, ainsi que « les appareils électriques (95 % non conformes, dont 90% dangereux) et les bijoux fantaisie (62 % dangereux) ».

L’enquête a aussi mis en lumière les pratiques commerciales de la société, qui, en tant que distributeur, ne tiendrait pas ses engagements sur les rappels des produits. « Le consommateur reçoit de la part de Wish un courriel de rappel très évasif ne mentionnant pas les causes du rappel de produit, notamment les motifs de leur dangerosité », explique le ministère.

En juillet 2021, Wish a reçu une mise en garde du gouvernement, sous couvert d’une demande de mise en conformité « en cessant de tromper le consommateur sur la nature des produits ». Un délai de 2 mois lui a alors été accordé, mais la société a décidé d’ignorer les relances de l’administration.

Cette injonction n’aurait pas été respectée, entraînant l’application du code de la consommation, qui permet, dans les cas les plus graves, d’ordonner aux fournisseurs d’accès internet et aux plateformes le déréférencement d’un site. Un déréférencement qui s’appliquera « tant que cet opérateur ne se sera pas mis en conformité, afin de protéger au mieux les consommateurs ».

Le déréférencement, une mesure forte et inédite

Le déréférencement du site est une mesure forte, avec des conséquences qui le sont tout autant. Concrètement, les consommateurs français ne pourront plus être dirigés vers le site de ecommerce aux 100 millions d’utilisateurs, puisque lors de leur recherche d’un produit, aucune offre présente sur le site ne leur sera proposée. Toutefois, la plateforme reste accessible, en tapant directement son adresse dans la barre de recherche.

Bruno Le Maire a déclaré laisser « quelques semaines » à Wish pour se mettre en conformité. Si tel n’est pas le cas, le gouvernement envisage de bannir le site du web français. Il s’agit d’une première, une « décision unique » en Europe.

Pour l’entreprise créée en 2010 et située à San Francisco, cela représente probablement un manque à gagner important à l’approche de la période de Noël. D’autant plus qu’elle risque, une amende pouvant atteindre 10% de son chiffre d’affaires. Enfin, selon Le Parisien, les autorités françaises ont lancé une procédure judiciaire, en cours d’instruction depuis près d’un an, pour « pratiques commerciales trompeuses ».

Pour le ministre de l’Économie, cette décision, prise en pleine période de Black Friday et à l’approche des fêtes de fin d’année, « illustre l’action du gouvernement pour protéger les consommateurs et lutter efficacement contre une concurrence déloyale d’opérateurs économiques ».