C'est la très bonne nouvelle de la semaine, celle qui a chamboulé les cours dans les bourses mondiales et qui pourrait nous sortir de la situation sanitaire et économique plus que délicate que nous traversons. Il s'agit évidemment de l'annonce faite le 7 novembre 2020 par les laboratoires pharmaceutiques Pfizer, à propos de la découverte d'un vaccin contre le coronavirus avec une efficacité de plus de 90%. Tentons de comprendre ce que cela signifie.
Un candidat vaccin prometteur
Pour élaborer un vaccin, il faut passer par trois phases d'expérimentation indispensables. À ce jour, 11 candidats sont arrivés à cette dernière étape, la fameuse phase 3. L'idée est de vérifier que la substance sera sans danger pour les êtres humains. Le candidat vaccin des laboratoires Pfizer a été testé sur 40 000 personnes et affiche donc un niveau d'efficacité de 90%. C'était quasiment inespéré.
Dans le pays de l'Oncle Sam, la FDA (Food and Drug Administration) valide l'efficacité d'un vaccin à partir de 50% d'efficacité. Même s'il ne s'agit pas des résultats finaux, ce candidat est très prometteur. Selon Anthony Fauci, directeur des instituts américains de santé : "un vaccin avec une efficacité de 50% à 60% pourrait déjà tout changer dans la situation actuelle afin de contrôler la pandémie mondiale que nous traversons. Une efficacité à 90% était inespéré".
Beaucoup de vaccins sur le marché pour contrer d'autres maladies ont une efficacité moins importante que celle-ci. La plupart tournent entre 80% et 90%. Pire encore, le vaccin contre la grippe protège seulement 40% à 60% de la population. C'est très faible en comparaison à ce futur vaccin. Par ailleurs, notons que c’est la première fois qu’une entreprise pharmaceutique avance un pourcentage d’efficacité après en être arrivé à la phase 3, pour le vaccin contre la Covid-19.
Il est conçu à partir d'une biotechnologie
Ce vaccin a une autre particularité : il a été conçu à partir d'une biotechnologie jusqu’à maintenant jamais utilisée dans un vaccin approuvé. Il s'agit de la technique de l’ARN messager. Concrètement, cette technique consiste à insérer du matériel génétique dans les cellules humaines. Même si ce n'est pas très rassurant dit comme cela, c'est pourtant la réalité de la conception de ce vaccin. Le vaccin injecte un code qui contient des instructions pour produire une protéine similaire à celle du coronavirus SARS-CoV-2. Cela engendre une réponse immunitaire. La magie de la médecine.
Tout le monde s'accorde à dire qu'il faut évidemment rester prudent. Si cette nouvelle fait du bien, il ne s'agit pas du résultat final. Il manque notamment quelques informations importantes pour comprendre dans quelle mesure ce vaccin pourrait être utilisé. Les chercheurs des laboratoires Pfizer devront notamment publier plus d'informations sur l’absence revendiquée d’effets secondaires. Un point particulièrement important pour pouvoir commercialiser le vaccin.
La société à l'origine de ce candidat vaccin est consciente de cela et explique que : "nous ne pouvons pas demander une autorisation d’utilisation urgente à la FDA en nous basant uniquement sur ces résultats d’efficacité. Il faut disposer de plus de données sur la sécurité, et nous continuons à accumuler ces données dans le cadre de notre étude clinique".
jm m
Le 10/11/2020 à 10h24Alors que pour la grippe l’efficacité du vaccin est de l’ordre de 60 à 70 % selon les années (chez l’adulte jeune) et que les 42 entreprises-laboratoires travaillant actuellement à la mise au point d’un vaccin contre le Covid-19 à travers le monde n’obtiendront sans doute pas, pour la plupart, une efficacité supérieure à 70 %, annoncer comme l’a fait Pfizer (associé à BioNTech) un taux d’efficacité supérieur à 90 % signifie que « la partie est finie » et que ces derniers vont sûrement l’emporter. Toutefois, outre le fait que le pourcentage de 90 % reste bien sûr à être confirmé dans le cadre d’une utilisation à grande échelle, cela va obliger des dizaines de millions de personnes à se faire vacciner en utilisant une technique (vaccin à base d’ARNm utilisant des morceaux de matériel génétique modifié) qui, jusqu’à présent, n’a jamais été utilisée dans un vaccin approuvé. Cela n’est peut-être pas gênant mais le choix qui va être fait de ce vaccin d’un nouveau type uniquement en fonction de son taux (supposé élevé) d’efficacité pose tout de même un problème dans la mesure où il n’est pas assuré que ça sera forcément le « meilleur », entre autres en cas de mutation du virus, toujours possible. Et puis n’oublions pas avant de décider quel vaccin nous allons finalement choisir, si possible en examinant tous les avantages et tous les inconvénients, que le monde de la recherche médicale n’est pas uniquement peuplé de Bisounours et que quelques millions sont en jeu.