650 millions de dollars. C’est le montant du dernier tour de table bouclé par Klarna. Une enveloppe qui amène la valorisation de la société spécialisée dans les solutions de paiement à dépasser la barre des 10 milliards de dollars (10,65 milliards exactement). Soit plus que certaines banques comme Natixis (8,11 milliards de dollars). Il y a seulement un an, en août 2019, sa valorisation dépassait à peine les 5 milliards de dollars. Elle apparaissait il y a quelques semaines sur la carte européenne des start-ups les plus financées.

Le dernier tour de table récoltés auprès d’investisseurs prestigieux (Silver Lake, GIC -fonds souverain de Singapour, BlackRock et HMI Capitalx), fait franchir un nouveau cap à la fintech suédoise. Elle se place désormais au premier rang des fintech privées européennes, et au quatrième rang mondial.

Klarna, intermédiaire de paiement en ligne entre particuliers et commerçants

L’entreprise s’est fait un nom dans le monde du paiement en ligne grâce à sa promesse « achetez maintenant, payez plus tard ». La fintech se pose ainsi en intermédiaire, permettant au consommateur d’acheter des biens sans avoir à payer directement. Klarna s’occupe de payer le commerçant dans un premier temps, et envoie une facture au particulier, qui la règle en paiements échelonnés et sans intérêts. « Klarna a révolutionné le commerce électronique, offrant à plus de 90 millions de consommateurs une facilité et une flexibilité sans précédent, et des revenus accrus à ses plus de 200 000 détaillants partenaires » présente HMI, l’un des fonds qui a misé sur la société suédoise. Au rayon des sociétés commerçantes partenaires, on trouve H&M, Adidas, ou encore The North Face. Des marques qui rayonnent, et qui ont conduit Klarna a faire évoluer on modèlé, proposant dorénavant une véritable place de marché en ligne.

La start-up avait fait grand bruit au début d’année 2019 lorsque ni plus ni moins que Snoop Dog s’était ajouté à liste des investisseurs, étant également la tête d’affiche de la nouvelle campagne marketing. « J’ai cherché une opportunité d’étendre mon portefeuille d’investissement technologique à l’Europe et en voyant la façon dont Klarna opère et comment ils défient le statu quo, je pense que c’est un match parfait. Je suis très enthousiaste à propos de ce partenariat » indiquait le rappeur en janvier 2019.

Début mars 2020, un autre atout de poids faisait son entrée au capital. Ant Financial, la filiale de paiement du géant chinois du e-commerce Alibaba fait donc partie des investisseurs de la fintech suédoise. « Au cœur de cette coopération entre Klarna et Alipay se trouve une ambition commune d’innover des expériences de shopping vraiment supérieures et de créer des destinations d’inspiration pour les consommateurs du monde entier », commentait alors Sebastian Siemiatkowski, cofondateur et CEO de Klarna.

Une vague d’enthousiasme que l’on aurait pu croire quelque peu douchée lors de la publication des résultats financiers du premier trimestre 2020. Entre janvier et juin, la fintech affiche une perte nette de 59,8 millions de dollars, un montant multiplié par 7 par rapport à la même période l’année dernière. Les pertes de crédit – encourues lorsqu’un client ne rembourse pas un prêt – ont presque doublé pour atteindre environ 135 millions de dollars, un chiffre qui, selon la société, a été ajusté en fonction de « l’incertitude macroéconomique ». Toutefois, Klarna a insisté sur le fait que le bilan de l’entreprise était « solide » et que les pertes globales ne représentaient que 0,6 % du volume total des ventes.

Les États-Unis en ligne de mire, alors que la concurrence d’autres solutions de paiement en ligne continue de monter

Klarna est principalement implantée au Royaume-Uni et en Allemagne, mais se targue d’avoir conquis plus d’un million de nouveaux utilisateurs aux États-Unis depuis le début de la pandémie. « Dans le contexte de Covid-19 et des incertitudes qu’il a malheureusement créées pour beaucoup, une approche quelque peu prudente était parfois nécessaire, y compris l’ajustement de nos politiques de crédit au niveau mondial », a déclaré Sebastian Siemiatkowsk dans une lettre aux actionnaires. « Malgré cela, nous avons constaté une accélération de la croissance et une augmentation rapide de la demande pour nos services ».

L’intérêt des investisseurs pour les fintech, et plus particulièrement les solutions de paiement, n’est pas nouveau. Le plus grand concurrent de Klarna, l’australien Afterpay, est déjà valorisé à plus de 15 milliards de dollars. Des sommes qui ont nécessairement attiré l’attention d’autres grandes noms, PayPal et Amazon s’étant récemment penché sur le créneau. Dans un secteur qui affiche des courbes de croissance de 40 à 50% par an (d’après le cabinet McKinsey), il faut s’attendre à d’autres mouvements d’ampleur. Klarna entretient d’ailleurs la rumeur d’un lancement en Bourse. Avec les 650 millions de dollars levés, et le marché américain comme cible privilégiée, le décor est posé. « Avec le nombre d’actionnaires que nous avons, c’est probablement l’évolution normale » a d’ailleurs commenté le patron de la fintech.