Avec près de 1,1 milliard d’utilisateurs à travers le monde, l’application chinoise WeChat est l’une des plus avancées dans son domaine, technologiquement parlant. La messagerie est au cœur de la vie des chinois. Ils y discutent, paient, jouent, et bien plus encore. Pourtant WeChat ne nous dit pas tout et peut même censurer certains messages en temps réel. Le CitizenLab de l’Université de Toronto publie ses recherches pour prouver comment la censure automatique s’exerce sur la messagerie chinoise.

WeChat : la censure automatique est imposée

Récemment, Tencent, propriétaire de WeChat, entrait au capital de Reddit à hauteur de 150 millions de dollars (133 millions d’euros). L’entreprise chinoise devient l’un des actionnaires principaux du groupe. Un rapprochement que l’on pourrait qualifier de contre nature. En effet : d’un côté, l’américain Reddit œuvre pour la liberté d’expression, de l’autre le chinois Tencent est contraint à la censure de Pékin.

Ce n’est pas nouveau : de nombreux sujets sont tabous en Chine. Depuis quelques temps, le gouvernement chinois surveille de près les personnes qui échangent au sujet de la guerre commerciale qui fait rage entre les États-Unis et la Chine. Chaque discussion sur WeChat est finalement soumise à l’approbation du gouvernement chinois.

Sur la messagerie, la censure s’exerce de deux manières distinctes : un algorithme scrute et filtre les actualités publiques et les suppriment en moins de 10 secondes si elles ne répondent pas aux critères du gouvernement. Les messages individuels sont également passés au crible. Puisqu’il s’agit souvent de conversations intimes et instantanées, la censure doit s’effectuer en temps réel.

Les directives de Pékin sont intransigeantes

Le gouvernement chinois n’a pas de mal à censurer le texte, en revanche les images sont plus difficiles à repérer. WeChat possède un index gigantesque et toujours plus grand au fil des jours, remplit de petites signatures de données cryptographiques qui sont uniques pour chaque fichier. Lorsqu’une image suspecte est envoyée, elle est directement capturée par l’index, ce qui permet de la supprimer.

Tencent, propriétaire de WeChat, subit d’énormes pressions de la part de Pékin pour exercer une telle politique de censure, d’après Adam Segal, directeur du programme de politique numérique au Conseil des relations extérieures. Il précise que : « les entreprises chinoises sont toutes responsables du contenu publié sur leur plateforme et, bien qu’elles puissent compter sur des dizaines de milliers de censeurs humains, elles mettent au point de nouvelles approches liées à l’intelligence artificielle, pour réguler le contenu ».