En l’espace d’un an, les trottinettes électriques ont envahi les grandes villes, et notamment Paris. Bien que la capitale ait instauré une taxe aux services de mobilité urbaine, il semblerait que cela ne suffise plus. Lors d’une conférence de presse le 6 juin 2019, la maire de Paris, Anne Hidalgo a indiqué son intention de lancer un appel d’offres aux entreprises de trottinettes électriques en libre-service.

Cet appel d’offres, qui sera lancé dans les mois à venir, aura pour objectif de réduire de douze à seulement deux ou trois le nombre de sociétés autorisées à exploiter des trottinettes électriques en libre-service. Anne Hidalgo a déclaré au Monde : « il y en a aujourd’hui plus de 20 000, c’est beaucoup trop ». Aux yeux de la maire, 12 000 ou 15 000 suffiraient amplement pour répondre aux besoins des habitants. « Trois opérateurs avec 5 000 trottinettes chacun, ce serait bien », indique Jean-Louis Missika, l’adjoint chargé de l’urbanisme.

L’appel d’offres est pour l’instant en discussion à l’Assemblée nationale et interviendra une fois que la loi sera votée. « Cette activité doit être en phase avec les valeurs de notre ville », indique Anne Hidalgo.

La ville souhaite également brider leur vitesse à 20km/, voire 8km/h dans les aires piétonnes et zones de rencontre. Un arrêté municipal devrait même interdire leur circulation dans les parcs et jardins. Enfin, un arrêté commun avec le préfet de police leur interdira de stationner sur les trottoirs, au risque de recevoir un procès-verbal de 135 €. Jusqu’à présent tolérées aux endroits où elles ne gênaient pas, les trottinettes devront désormais stationner sur la chaussée, à l’instar des motos et des voitures.

Les trottinettes électriques sont tout de même regardées avec bienveillance par les parisiens et ce, même si elles monopolisent la ville entière. Thomas Lauret, un élu macroniste du 16ème arrondissement a affirmé que « les trottinettes, c’est d’abord un progrès, un mode de locomotion propre et sans bruit. Il ne faut donc pas l’interdire, mais mieux le réguler ».

Les mesures à prendre pour lancer cet appel d’offre ont été longues pour Anne Hidalgo et son équipe en termes de juridiction. « Nous avons commencé en janvier à verbaliser les trottinettes roulant sur les trottoirs ou garées de façon gênante, nous en envoyons chaque jour à la fourrière. Mais si nous étions allés au-delà, nous aurions eu des contentieux que nous aurions perdus » déclare-t-elle. D’autant plus qu’au fil des mois, les dégradements, les abandons au plein milieu des trottoirs, les risques d’accidents avec des piétons ou voiture se multipliaient sur les trottinettes. Ce qui a finalement retourné les habitants mécontents du désordre contre la mairie de Paris. Sous une telle pression, Anne Hidalgo a donc opté par cette régularisation bien plus stricte : « le critère social est un élément clé si l’on veut que le rechargement des batteries soit bien fait, en toute sécurité, plaide Stéphane MacMillan, de Circ. Chez nous, il n’y a pas d’entrepreneurs payés à la pièce, uniquement des contrats à durée indéterminée ».

Les avis divergents concernant cet appel d’offres, et cela risque d’être une source de débat au prochain Conseil de Paris. Quoi qu’il en soit, il faut dans un premier temps attendre la décision de l’Assemblée nationale. A suivre.