L’ARCEP, le CGE, et l’Agence du Numérique, trois grands organismes d’État, ont publié l’édition 2018 du baromètre du numérique, une étude de référence sur les pratiques numériques des français, l’accès aux équipements, et les fluctuations des tendances à prévoir pour les années suivantes. Nous nous proposons de vous faire découvrir les éléments essentiels mis en lumière par cette étude.

Les français et leur smartphone, une histoire d’amour qui perdure

Les français sont 75% à posséder un smartphone en 2018, un chiffre en hausse de 2% depuis l’année dernière. Dans le même temps, l’ordinateur reste l’équipement numérique majoritaire (78%), mais il a tout de même connu une baisse de 3% de son taux de possession. Une chute qui transparait dans la manière dont les français se connectent à Internet. En effet, le smartphone écrase l’ordinateur dans ce domaine. Il représente 46% des connexions contre 35% pour l’ordinateur, et l’écart est parti pour se creuser davantage. Les français se servent aussi de plus en plus de leur smartphone pour communiquer. Ils sont plus de la moitié à posséder une application de messagerie instantanée (tel WhatsApp ou Messenger), et 42% l’utilisent de façon quotidienne.

La couverture réseau s’étoffe, et pas qu’en France.

Alors que la 5G se prépare à conquérir le monde, sa version précédente, la 4G, aura su être développée par les opérateurs en quelques années. Les français sont 61% à avoir accès à la 4G (une évolution de 20% en 2 ans). Dans le même temps, ils étaient 80% à utiliser leurs services mobiles lors des voyages au sein de l’UE ces trois dernières années (plus 9% par rapport à 2015/2017). Une évolution conséquente qui perdure depuis longtemps, probablement grâce aux efforts des gouvernements pour favoriser l’itinérance des données (possibilité de se connecter aux réseaux locaux) à un prix faible au sein de l’UE. Notons d’ailleurs que depuis 2017, une réglementation européenne a mis fin aux frais d’itinérance sur le territoire européen.

De l’usage d’Internet par les français

On parle de la couverture du réseau qui s’étoffe, mais bien évidemment, les français utilisent aussi de façon plus conséquente Internet. Nous sommes aujourd’hui 89% à être internautes, une légère augmentation portée, visiblement, par les personnes âgées. Alors que les 18-24 ans sont 100% à utiliser Internet, leurs aïeuls s’y mettent aussi ! Les plus de 70 ans sont 60% à s’en servir en 2018, et 45% se connectent quotidiennement. Dans les deux cas, cela représente une augmentation moyenne de 7%, un chiffre régulier depuis plusieurs années. Globalement, 4 français sur 5 se connectent chaque jour à Internet.

La télé en difficulté chez les gaulois

Un chiffre fort, mais prévisible. Entre 2016 et 2018, le temps passé devant la télé chaque semaine a diminué de deux heures, passant à 18 heures hebdomadaires.
Un chiffre qui se retrouve dans le temps passé à visionner des vidéos et des programmes audiovisuels sur Internet, 5 heures par semaine, parmi lesquelles deux sont venues se greffer depuis 2016. L’affaiblissement de la télé se caractérise aussi par l’émergence des contenus à la demande. Plus de la moitié des français ont regardé un contenu en replay sur la télé cette année, et 33% ont fait de même sur des périphériques Internet, dont la majorité des 18-24 ans. À coté de ça, les services de VOD se popularisent également, 1 français sur 4 a aujourd’hui un abonnement.

L’usage des réseaux sociaux se stabilise

Ces dernières années, le nombre de réseaux sociaux semblent se stabiliser, et cela se répercute sur leur fréquentation. En 2018, nous sommes 59% à les utiliser, le même chiffre que l’année dernière. Cela s’explique probablement par leur appropriation par les quarantenaires et plus, car on constate un net recul de leur usage chez les 12-17 ans et les 18-24 ans, avec une baisse respective de 8% et 3%. On ne pourra plus dire que les jeunes ne savent pas les lâcher ! Ceci étant, l’arrivée de TikTok et ses partages de vidéo popularisés à grands coups de pubs sur le net pourrait bien changer les choses.

Le numérique modifie les comportements des français

Outre notre utilisation massive d’Internet pour un usage récréatif, Internet à aussi pris une place conséquente dans nos pratiques. Bien que le chiffre des français achetant en ligne se soit stabilisé à 61% cette année, le taux d’entre eux qui achètent hebdomadairement a augmenté, passant de 29 à 35%. La multiplication des services de livraison de matières premières, notamment concernant la nourriture, y est surement pour quelque chose, ce chiffre ne semble donc pas parti pour diminuer. Concernant les petites douleurs et maladies du quotidien, les français sont aussi de plus en plus nombreux à se référer à Internet pour trouver des solutions. La moitié d’entre eux y recherchent leurs symptômes, et 37% seraient prêts à voir leur santé contrôlée via le numérique à l’avenir. Un chiffre qui explique certainement l’apparition de Doctolib, le uber de la médecine.

La protection des données et les français, un attachement relatif

La principale cause de réticence vis à vis de l’utilisation d’Internet reste la peur de voir ses données non suffisamment protégées. On aurait pu croire que l’adoption du règlement général pour la protection des données au sein de l’UE allait donc les rassurer, mais il n’en est rien. Seuls 23% des français pensent que ce dernier va améliorer les choses. Ils semblent d’ailleurs estimer que la protection des données est un droit, car ils sont une majorité à ne pas être prêt à payer pour un service sécurisé comme Dashlane. Aussi, la majorité d’entre eux préfèrent actuellement continuer de partager leur données plutôt que devoir payer pour accéder à certaines fonctionnalités des sites internet qu’ils utilisent jusqu’à présent.

Des difficultés vis à vis d’Internet perdurent pour certains

Bien que ce chiffre soit en nette baisse, 31% des non-internautes estiment encore que Internet est « trop compliqué » aujourd’hui. Par ailleurs, malgré que beaucoup de français aient appris à le maîtriser ces dernières années, ils restent encore 36% à éprouver un stress vis à vis de la réalisation des démarches administratives sur Internet. Ces chiffres sont doublement inquiétants, tout d’abord car les démarches administratives sont partis pour être accessibles uniquement en ligne à l’avenir (c’est par exemple déjà le cas pour la carte grise), et deuxièmement, car seuls 40% des adultes en difficulté sont prêts à suivre une formation pour résoudre leurs problèmes. Il est donc plus qu’envisageable que les difficultés avec Internet entraînent une véritable exclusion sociale à l’avenir, d’autant qu’une grande partie des débats de société s’y déroulent aujourd’hui.

Baromètre du numérique CGE, ARCEP, Agence nationale du numérique
Baromètre du numérique CGE, ARCEP, Agence nationale du numérique