Viginum, service chargé de surveiller les ingérences étrangères, a mis au jour « un réseau structuré et coordonné de propagande pro-russe » opérant notamment en France. Son objectif : « couvrir positivement l’invasion russe en Ukraine » dans le but « d’influencer les opinions publiques ».

Trois « écosystèmes numériques »

La désinformation est vastement employée par le Kremlin depuis le début de l’invasion de l’Ukraine pour semer le trouble en Occident. Le rapport de Viginum publié ce 12 février témoigne de l’ampleur du phénomène.

Baptisé Portal Kombat, « en référence à la stratégie informationnelle offensive mise en place à partir du mois de février 2022 par les acteurs qui administrent ces portails numériques », le réseau compte 193 sites déclinés en trois « écosystèmes numériques » ciblant les populations ukrainiennes et occidentales. L’Espagne, l’Allemagne, la France, la Pologne, le Royaume-Uni et les États-Unis sont visés.

Les sites dénommés « Pravda », déployés l’année dernière, relaient ainsi des comptes de réseaux sociaux russes ou pro-russes, des agences de presse russes ou des sites institutionnels. « Les articles diffusés servent principalement à la couverture du conflit en Ukraine, d’une part en présentant positivement l’invasion russe aux populations occidentales, et d’autre part en dénigrant l’Ukraine et ses dirigeants, régulièrement présentés comme “corrompus”, “nazis” ou “incompétents” », détaille le rapport de Viginum.

Ces plateformes sont reliées à des sites plus anciens, établis au cours de l’année 2022 sous le nom de « news.ru ». Le troisième écosystème regroupe pour sa part des services encore plus vétustes, parfois de 2013. Ces derniers ciblent cette fois les internautes russophones, notamment certains habitants de l’Ukraine.

Un dispositif de propagande « dormant »

« Pour tenter d’atteindre un large auditoire, ce réseau recourt à l’utilisation de plusieurs techniques comme la sélection minutieuse de sources de propagande pro-russe selon la localité ciblée, l’automatisation massive dans la diffusion des contenus ou encore l’optimisation du référencement sur les moteurs de recherche », poursuit le rapport.

Ils contribuent ainsi à « polariser le débat public numérique francophone ». Les plateformes à destination de l’Occident enregistrent toutefois de faibles audiences, avec seulement 10 700 visites en novembre pour sa version française. Elles n’en restent pas moins dangereuses. « Il s’agit d’un dispositif dormant activable sur court préavis », a indiqué une source militaire au Figaro.

Cet important dispositif témoigne des moyens conséquents déployés par la Russie, qui positionne la désinformation comme une stratégie à part entière pour déstabiliser ses opposants.